Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qui tout existe, « le Verbe doux et bienfaisant qui surprend les sages dans leurs propres artifices ; car le Seigneur pénètre seul les pensées des sages, et il en connaît la vanité. » L’Écriture donne ainsi le nom de sages aux sophistes qui ne s’occupent que. de mots et d’arts futiles. C’est de là que les Grecs eux-mêmes se sont aussi, par dérivation, servis à la fois du nom de sages et du nom de sophistes, pour désigner ceux qui se livrent avec ardeur à quelque étude que ce soit. C’est pourquoi Cratinus, faisant dans les Archiloques le dénombrement des poètes, dit : Vous avez bien examiné ce qu’étaient les sophistes ?

Pareillement, le comique Jophon dit des rhapsodes et d’autres encore, dans Les joueurs de flûte et les satyres ?

« Une foule nombreuse de sophistes fit invasion chez nous. » C’est d’eux et de tous ceux qui, à leur exempte, se sont livrés à l’étude stérile d’une vaine éloquence, que l’Écriture dit avec raison : « Je détruirai la sagesse des sages, et je rejetterai la science des savants. »


CHAPITRE IV.
Les arts humains ne sont pas moins sortis de la main de Dieu que la science des choses divines.

Homère donne à un simple artisan le nom de sage, c’est ainsi qu’il s’exprime sur un certain Margite :

« Les dieux n’en firent ni un cultivateur ou fossoyeur, ni un sage en quoi que ce soit ; il ne réussit en aucun art. »

Hésiode, après avoir dit que Linus le joueur de harpe était versé dans toutes sortes de sagesses, ne craint pas de nommer sage un matelot. Il ne montre, écrit-il, aucune sagesse dans la navigation. Que dit le prophète Daniel : « Les sages, les mages, les devins et les augures ne peuvent découvrir au roi le secret dont il s’inquiète ; mais il est un Dieu dans le ciel qui révèle les mystères. » Ainsi Daniel salue du nom de sages les savants de Babylone. Ce qui prouve clairement que l’Écri-