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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

avertissement, Platon poursuit en ces termes : « Quelle est la conduite agréable à Dieu et qui lui ressemble ? Une seule, fondée sur ce principe ancien, que le semblable plaît à son semblable, quand l’un et l’autre sont dans le juste milieu ; car toutes choses qui sortent de ce milieu ne peuvent ni se plaire les unes aux autres, ni à celles qui ne s’en écartent point. Dieu étant donc pour nous la juste mesure de toutes choses, il n’est point d’autre moyen de s’en faire aimer que de travailler de tout son pouvoir à être ainsi soi-même. Suivant ce principe, l’homme tempérant est ami de Dieu, car il lui ressemble. L’homme intempérant, loin de lui ressembler, lui est entièrement opposé[1]. » En disant que ce dogme est déjà vieux, Platon désigne la doctrine qui, de la loi de Moïse, est parvenue jusqu’à lui. Et dans le Théétète, après avoir exposé que le mal gravite nécessairement autour de la nature mortelle et de cette région terrestre, il ajoute : « C’est pourquoi il faut nous efforcer de sortir au plus tôt de cet exil « pour nous rendre ailleurs. » Or, il veut dire par là qu’il faut nous hâter de ressembler à Dieu autant qu’il est en nous, et cette ressemblance consiste dans la justice et la pureté, jointes à la prudence. D’après Speusippe, neveu de Platon, le bonheur est une manière d’être, parfaite dans les choses qui se gouvernent selon la nature, ou un état de choses bonnes ; tous les hommes aspirent à cette situation ; mais les hommes de bien touchent seuls au but de la tranquillité d’âme, et les vertus font le bonheur. Xénocrate de Chalcédoine définit le bonheur la possession de la vertu en nous-mêmes, et de la puissance qui est à ses ordres. Puis, cherche-t-il quel est le siége de ce bonheur ? l’âme, répond-il ; quels en sont les fondements ? les vertus ; d’où dérive-t-il ? des panières d’être, des affections, des mouvements et des habitudes honnêtes. Sans quoi, rien ne peut exister, ou des biens du corps, ou des biens extérieurs. En effet, Polémon, un des disciples de Xénocrate, paraît vouloir que le bonheur consiste dans la jouissance de tous les

  1. Traduction de M. Cousin.