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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

est la science complète des facultés de l’âme. Les Abdéritains ont aussi leurs principes sur cette matière ; Démocrite, dans son livre sur la fin de l’homme, veut que cette fin soit la tranquillité de l’âme ou le bon état. Il répète souvent que la délectation et la non délectation sont le but de l’homme parvenu à la vigueur de l’âge. Hécatée le place dans la modération ; Apollodote de Cyzique, dans la joie du cœur ; Nausiphane, dans l’intrépidité, que Démocrite nomme athambie. Outre ces philosophes, Diotime encore nous parle de la perfection de tous les biens qu’il décore du nom de bon état. Antisthène opine pour l’absence de tout orgueil. Ceux que l’on nomme Annicéréens, héritiers de l’école cyrénaïque, n’ont assigné aucun but spécial à l’ensemble de la vie. Selon eux, chaque action porte en elle, comme but, la volupté qui naît de l’action même. Ces Cyrénaïtes rejettent la définition qu’Épicure donne de la volupté : son chimérique équilibre, disent-ils, n’est que l’impassibilité du cadavre, et la volupté, l’amitié, les honneurs éveillent en nous des impressions agréables. Mais Épicure affirme que toute joie de l’âme dérive d’une sensation éprouvée dans la chair. Métrodore, dans le livre qu’il a écrit pour démontrer que la cause la plus active de la félicité vient de nous, et non des choses, dit : Le bien de l’âme, qu’est-ce autre chose qu’une complexion vigoureuse, et l’espoir fondé qu’elle ne se démentira pas ?

CHAPITRE XXII.
Suivant Platon, le souverain bien pour l’homme consiste à ressembler à Dieu. Les écrivains sacrés sont d’accord avec lui sur ce point.

Le philosophe Platon dit que le but de l’homme est double : l’un, communicable et au premier rang des idées elles-mêmes ; il le nomme le bien ; l’autre, participant du premier, dont il est la ressemblance ; il se trouve chez les hom-