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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

conformément à la vertu ; Cléanthe, conformément à la nature, en obtempérant aux conseils de la raison ; c’est-à-dire, il nous l’explique ainsi : Tout consiste dans le choix des choses conformes à la nature. Antipater, l’ami de Cléanthe, est d’avis que la fin de l’homme est de choisir, toujours et sans se tromper, les choses qui sont selon la nature, et de rejeter avec la même fermeté celles qui lui sont opposées. Archimède exposait ainsi la fin de l’homme : Choisir entre les objets conformes à la nature les plus élevés et les plus importants ; dans l’impuissance, passer outre. Après eux vient Panætius : Vivre selon les désirs que nous a donnés la nature. Posidonius, enfin, nous prescrit de vivre dans la contemplation de l’ordre et de la vérité universelle, et de gouverner notre conduite de manière que jamais elle ne paraisse subordonnée à la partie irraisonnable de l’âme. Plusieurs des modernes stoïciens veulent que le but de l’homme soit de vivre conformément à l’organisation humaine. Que vous dirai-je d’Ariston ? Il établissait notre fin dans l’indifférence. Or, évidemment, ce qui est indifférent laisse de côté ce qui est indifférent. Vous mettrai-je sous les yeux la doctrine d’Hérille ? Il demande à l’homme de vivre selon la science qui est son but. Plusieurs des nouveaux rejetons de l’Académie veulent que le but de l’homme consiste à se garder des illusions et des apparences. Lycus le péripatéticien nous dit comme Leucime, que le but de l’homme est la véritable joie de l’âme, celle qui provient de l’honnêteté. Critolaüs, qui fut aussi péripatéticien, demande que l’homme s’abandonne doucement aux instincts de la nature, perfection qui se compose, selon lui, de trois sortes de biens, et nous a été transmise par nos ancêtres.

Mais sans nous arrêter ici, contents du chemin déjà parcouru, efforçons-nous, au contraire, autant qu’il nous est possible, de rappeler les opinions des physiciens sur la question qui nous occupe. Il paraît qu’Anaxagore de Clazomène voulait que le but de la vie fût la contemplation et la liberté qu’elle enfante ; Héraclite d’Éphèse, la sérénité d’esprit. Selon Héraclide du Pont, Pythagore professait que la félicité suprême