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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cune de leurs actions ; les vrais gnostiques, enfin, qui sont plus grands que le monde. Je l’ai dit : Vous êtes des dieux ; vous êtes tous les fils du Très-Haut. À qui parle le Seigneur ? À ceux qui, autant que possible, se dépouillent de l’homme. « Mais vous, dit l’apôtre, vous ne vivez plus selon la chair, mais selon l’esprit. » Et plus loin : « En effet, quoique marchant dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair ; car la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et la corruption ne possédera point cet héritage incorruptible. » « Voici que vous mourrez comme des hommes, » nous a dit l’Esprit saint, pour nous tenir dans la crainte. Exerçons-nous donc à nous abstenir de tout ce qui développe l’empire des passions, en évitant, comme l’ont fait les vrais philosophes, les mets qui excitent aux plaisirs de la chair, la mollesse énervante du lit, et les délices qui corrompent ; de telle sorte que les sensations voluptueuses, si avidement recherchées par les autres, ne soient rien pour nous. Le plus grand don que Dieu puisse nous faire, c’est le don de la tempérance, puisque Dieu dit lui-même : Je ne vous laisserai point et je ne vous abandonnerai point, vous ayant jugés dignes de mes soins par l’élection légitime qui vous unit à moi. Ainsi donc, par les pieux efforts que nous tenterons pour nous approcher de Dieu, le joug bienfaisant du Seigneur se posera sur nos têtes, selon les différents degrés de notre foi, et une seule et même main guidera chacun de nous vers le salut, afin que nous allions recueillir le fruit de la béatitude que nous aurons méritée. Selon Hyppocrate de Cos, deux choses entretiennent la santé du corps et celle de l’âme : un travail actif, et la sobriété.

CHAPITRE XXI.
L’auteur passe en revue les diverses maximes des philosophes sur le souverain bien.

Épicure, au contraire, plaçant le bonheur dans cette situation où l’on n’a ni faim, ni soif, ni froid, s’écriait, en