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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

enveloppent de ténèbres la lumière de l’intelligence, l’âme attirant à elle les vapeurs de la convoitise, et condensant les épais nuages des passions, par l’usage continuel des voluptés. L’or, quand on le retire de la terre, n’est pas encore de l’or, il faut le soumettre au creuset pour le purifier ; devenu pur, on l’appelle or. L’or est donc une terre purifiée ; car, « demandez, et l’on vous donnera, » dit le Seigneur à ceux qui peuvent choisir ce qui est bon.

Pour expliquer comment nous disons que les œuvres du démon et les esprits impurs sèment dans l’âme du pécheur, nous n’aurons pas besoin de plus longs développements que le témoignage de l’apôtre Barnabé, l’un des soixante-dix et le collègue de Saint-Paul. Voici ses paroles : « Avant d’avoir reçu la foi, la demeure de notre âme était semblable à ces temples bâtis de main d’homme, où habitent la corruption et la faiblesse, parce qu’elle était pleine d’idolâtries, véritable réceptacle des démons, où s’opérait tout ce qui est contraire à Dieu. » Il dit donc, que les œuvres conformes aux démons sont de commettre des péchés ; mais il ne dit pas que ces malins esprits habitent dans l’âme de l’infidèle. C’est pourquoi il ajoute : « Donnez tous vos soins à ce que le temple du Seigneur soit glorieusement édifié. Comment s’élèvera-t-il ? apprenez qu’après avoir reçu la rémission des péchés, et avoir mis notre espérance dans le nom du Seigneur, nous renaissons à une vie nouvelle, et que nous subissons une régénération totale. Ce ne sont pas les démons, poursuit Barnabé, qui sont chassés de notre cœur, ce sont nos péchés qui nous sont remis, et que nous commettions comme les démons y avant de croire. » Barnabé a donc eu raison d’opposer aux paroles qui précèdent celles qui suivent : « C’est pourquoi Dieu est réellement dans la demeure de notre cœur. Il habite en nous ; comment ? par le Verbe de sa foi, par la vocation à la promesse, par la sagesse de ses ordonnances, par les préceptes de sa doctrine. »

Je le sais, je rencontre ici sur ma route une hérésie dont le chef prétendait combattre la volupté par l’usage de la volupté.