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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

dore, ainsi que les Pythagoriciens, nous gratifie aussi de deux âmes : nous en parlerons plus tard. Valentin lui-même, dans une de ses épîtres, s’exprime en ces termes sur les appendices : « Il n’y a qu’un seul juste, dont le fils nous a manifesté par lui-même la présence. Par lui-seul, le cœur peut devenir pur, après l’expulsion de tout malin esprit. Car la multitude des esprits qui habitent dans le cœur, en fait un cloaque d’impuretés. Chacun d’eux accomplit l’œuvre « qui lui est propre, insultant par fois aux désirs qui ne sont pas les siens ; et je vois quelque parité entre le cœur et une hôtellerie. Une hôtellerie est criblée de trous, dégradée, souvent remplie d’immondices, parce que les voyageurs s’y comportent sans retenue, peu soucieux d’un asile qui ne leur appartient pas. Il en est de même du cœur ; aussi longtemps qu’une Providence attentive ne veille pas sur lui, il demeure un séjour impur et le réceptacle d’une foule de démons ; au contraire, qu’il soit visité par le Père qui est le seul bon, le voilà sanctifié et resplendissant de lumière. Heureux donc celui dont le cœur est dans cet état, parce qu’il verra Dieu. » Mais pourquoi, dès l’origine, n’y a-t-il pas de sagesse providentielle pour veiller au salut de cette âme ? Qu’on nous le dise ; car, ou elle n’en est pas digne, et la Providence vient à elle conduite en quelque sorte comme à regret, ou c’est la nature qui assure son salut, comme le pense Valentin. Dans cette dernière supposition, il faut que la nature, intéressée dès le commencement à veiller sur l’âme dont elle est la mère, ne laisse pénétrer dans le cœur aucun esprit impur, à moins qu’elle n’y soit contrainte et n’atteste ainsi sa faiblesse. Mais si Valentin nous accorde que la nature, éclairée par la pénitence, fait choix de meilleurs principes, il arrive à parler malgré lui le langage de la vérité que nous suivons. C’est par un changement venu de l’obéissance, et non par un droit de nature, qu’on obtient le salut. Les exhalaisons qui s’élèvent, soit de la terre, soit des marais, se rassemblent en brouillards et se condensent en nuages ; de même les vapeurs qui s’élèvent des désirs charnels, imprègnent l’âme d’une disposition mauvaise, en répandant autour d’elle des images de volupté. Ils