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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tout en elle l’image de la passion, par suite de l’amorce qui lui a été tendue, et de l’assentiment qu’elle a donné.

Les Basilidiens ont coutume d’appeler les vices et les passions du nom d’appendices. Selon eux, ces appendices seraient certains esprits qui, par je ne sais quel bouleversement et quelle confusion primitive, auraient été, quant à leur essence, unis à l’âme douée de raison ; de plus, d’autres natures d’esprit, illégitimes et hétérogènes, telles que les natures du loup, du singe, du lion et du bouc, naîtraient auprès des premières. Ces influences étrangères agissant vivement sur l’âme, en assimileraient entièrement les désirs à ceux des animaux ; « car ces désirs, ajoutent les Basilidiens, reproduisent les actes des natures dont ils portent en eux les caractères spéciaux. Et, non seulement les désirs de l’âme s’identifient avec les appétits et les sensations des animaux privés de raison, mais encore ils imitent les inclinations et la beauté des fleurs, parce qu’ils ont en eux quelques propriétés qui appartiennent à la nature des fleurs. Ils ont aussi les propriétés des corps, la dureté du diamant, par exemple. » Nous combattrons ce dogme plus tard, lorsque nous traiterons de l’âme. Contentons-nous de remarquer pour le moment, que l’homme de Basilide, avec cette nombreuse armée d’esprits différents, contenus dans un seul corps, ne ressemble pas mal au cheval de bois célébré par le poëte. Aussi, le fils de Basilide, Isidore, quoique partant du même dogme, s’accuse en quelque sorte lui-même, lorsque, dans son livre sur la seconde âme adhérente, il s’exprime en ces termes : « Si tu as persuadé à un homme que l’âme n’est pas une et simple, et que les passions les plus mauvaises nous sont imposées de force par les appendices, les méchants auront un prétexte très-plausible de dire : On m’a fait violence, on m’a entraîné, j’ai agi malgré moi, ma volonté reniait mes actes, » tandis que leurs désirs criminels leur appartiennent réellement, pour n’avoir pas résisté aux attaques des appendices. Or, il faut, supérieurs que nous sortîmes par la raison, prouver que nous avons vaincu la nature inférieure qui est en nous. Car, cet Isi-