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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

duire au néant les attaques réunies de ces quatre alliés, la volupté, la douleur, la crainte et le désir ? Exerce-toi et combats longtemps ; car ils pénètrent jusqu’au fond de nos entrailles et soulèvent des tempêtes dans notre cœur. » « Un caractère réputé grave et fort, dit Platon, la volupté le fait de cire ; parce que toute volupté, comme aussi toute douleur, attache au corps l’âme de qui ne se sépare pas des passions, et ne se crucifie pas soi-même. » « Celui qui perdra son âme, dit le Seigneur, la retrouvera, soit en l’exposant sans crainte pour le Sauveur, comme lui-même il a fait pour nous, soit en la détachant de toutes les habitudes de la vie ordinaire. » En effet ; qui travaillera à détacher, à éloigner et à isoler (c’est là le sens du mot croix,) son âme des plaisirs et des voluptés de cette vie, possédera celle qui se trouve et repose, dans l’espérance dont nous attendons la réalisation. Méditer sur la mort, c’est savoir nous contenter des seuls appétits dont la nature est la mesure, et qui, renfermés dans de justes bornes, évitent tout ce qui est contre la nature ou ce qui en dépasse les limites d’où naissent les occasions de pécher. Il faut donc nous revêtir de toutes les armes que Dieu nous donne, afin de nous défendre contre les embûches du démon ; parce que les armes avec lesquelles nous combattons ne sont point charnelles, mais puissantes en Dieu, pour abattre les forteresses ennemies et renverser, en même temps que les raisonnements humains, tout orgueil qui s’élève contre la science de Dieu. C’est par là que nous réduisons tous les esprits en servitude sous l’obéissance de Jésus-Christ, dit le divin apôtre. Cette milice spirituelle demande donc un homme qui sache, admirablement et sans confusion, gouverner les sources les plus ordinaires dès passions ; comme, par exemple, la richesse et la pauvreté, la gloire et l’obscurité, la santé et la maladie, la vie et la mort, le travail et la volupté. Pour arriver à se servir indifféremment de causes si diverses, il faut opérer en nous une grande réforme, en nous qui avons été auparavant atteints d’une grande faiblesse, pervertis par une éducation et une culture mauvaises, égarés en outre par l’ignorance. Le