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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

c’est le suivre. Et en le suivant ainsi, nous arrivons à lui ressembler autant qu’il est en nous.

« Soyez miséricordieux et compatissants, dit le Seigneur, comme votre père est miséricordieux. » De là, les stoïciens aussi proposent pour but à l’homme de vivre selon la nature, ayant ainsi changé avec une rare convenance le nom de Dieu en celui de la nature, puisque la nature s’étend jusqu’aux plantes, jusqu’aux végétaux que l’on sème, jusqu’aux arbres et jusqu’aux pierres. Aussi voilà pourquoi il a été clairement dit : Le méchant ne comprend pas la loi ; mais ceux qui aiment la loi la placent devant eux comme un rempart. Discerner sa voie est l’habileté du sage ; s égarer est le délire de l’insensé. « Car, vers qui abaisserai-je mes regards, dit le Seigneur, sinon vers celui qui est doux, plein de mansuétude, et qui tremble à mes paroles ? »

Nous savons qu’il existe trois sortes d’amitiés : La première, comme aussi la meilleure, est l’amitié dont la vertu est le lien ; car la dilection est solide, qui s’appuie sur la raison. La seconde, qui tient le milieu entre les deux autres, naît d’un intérêt réciproque ; amitié éminemment sociale, communicative, libérale et utile à la vie ; car l’amitié qui naît d’un bienfait est réciproque. La troisième et la dernière provient, selon nous, d’un commerce habituel ; selon d’autres, elle est cette amitié qui tourne et change au gré du plaisir. Il me semble que ces paroles d’Hyppodame le pythagoricien définissent bien les amitiés : La première, dit-il, naît de la science des dieux, l’autre des bienfaits de l’homme, la troisième du plaisir des êtres animés. L’une est donc l’amitié du philosophe ; l’autre, de l’homme ; la troisième, de l’être animé. Car l’homme bienfaisant est la véritable image de Dieu. Sa bienfaisance lui profite à lui-même ; nouveau pilote, il est à la fois le salut des autres et le sien propre. C’est pourquoi, lorsque le suppliant obtient ce qu’il demande, il ne dit pas à son bienfaiteur : Tu as bien donné ; mais, tu as bien reçu. Ainsi, celui qui donne reçoit, et celui qui reçoit, donne. Le juste est miséricordieux et compatissant. Les bons habiteront la terre, les justes s’y affer-