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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

laissons pas entraîner loin de la foi par la philosophie, comme si nous étions fascinés par les prestiges de quelque art trompeur, mais que, pour ainsi dire, couverts d’un rempart plus solide, nous trouvons dans cette étude le moyen de donner à notre foi une démonstration plus entière. Bien plus, du contact de deux dogmes contraires que l’on compare entre eux, jaillit la vérité ; et de là une connaissance plus certaine. Car la philosophie ne s’est pas produite d’elle-même et pour elle-même ; elle n’existe que pour les fruits que l’on retire de la science, parce que la science des choses découvertes par l’esprit de l’homme affermit en nous la confiance que nous sommes dans la vérité. Je ne dirai pas que c’est à dessein qu’on a caché les semences de la science dans ces Stromates qui réunissent en un seul ouvrage les fragments nombreux de diverses doctrines. De même que l’homme passionné pour la chasse, après s’être mis en quête de l’animal qu’il veut atteindre, après en avoir découvert la piste et suivi les traces, après avoir lancé ses chiens sur lui, le prend enfin et le tue ; ainsi la vérité paraît douce à celui qui l’a cherchée longtemps et qui l’a découverte avec peine. Mais pourquoi vous a-t-il paru bon de disposer ainsi vos commentaires ? Parce qu’il est fort dangereux de révéler les mystères de la véritable philosophie à ceux qui, hardiment et à tout propos, veulent parler contre tout, et sans raison, et qui prodiguent les noms les plus grossiers, se trompant eux-mêmes, et éblouissant les yeux de ceux qui les entourent. « Car les hébreux demandent des miracles, comme dit l’apôtre, et les gentils cherchent la sagesse. »