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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

avidement le mal, au préjudice du vrai et de l’honnête. Or, il advint qu’il échangea l’immortalité contre la mort, quoique non à tout jamais. Mais Noé, qui n’avait pas reçu la naissance à la manière d’Adam, fut sauvé par la Providence divine, pour s’être offert et consacré de lui-même à Dieu. Voyez Abraham ! Il a eu des enfants de trois femmes, non dans un but de volupté, mais, je pense, dans l’espoir de multiplier sa race dès l’origine ; un seul de ses enfants recueillit l’héritage paternel, et les autres furent séparés du tronc de la famille. Et des deux fils qui lui étaient nés, quel fut son héritier ? Le plus jeune, qui s’était rendu agréable à son père, et qui obtint sa bénédiction. L’aîné fut l’esclave du plus jeune ; car le plus grand bien qui puisse arriver à un méchant, c’est de perdre sa liberté. Cette disposition des faits est à la fois prophétique et symbolise. Tout appartient au sage. L’Écriture l’indique clairement, lorsqu’elle dit : « Parce que Dieu a eu pitié de moi, toutes choses m’appartiennent. » Elle nous apprend ainsi à ne désirer que celui par lequel tout existe, et qui accorde ses promesses à ceux qui en sont dignes. Elle nous représente, par la sagesse divine, l’homme de bien, héritier du royaume des deux, et concitoyen des anciens justes qui ont vécu selon la loi, soit sous le règne de la loi, soit avant la loi, et dont les actions nous servent aujourd’hui de règle. L’Écriture nous enseigne encore que le sage est roi, lorsqu’elle lui fait dire par des hommes d’une tribu différente : « Vous êtes auprès de nous un roi choisi par Dieu. » Car c’est l’admiration de la vertu qui soumet volontairement les hommes au juste. Le philosophe Platon dit que la dernière limite de la félicité est de ressembler à Dieu autant qu’il est possible à l’homme, soit en mettant sa vie en accord avec la loi, (car les natures généreuses et libres de passions atteignent presque droit au but de la vérité, suivant l’expression de Philon le pythagoricien, quand il raconte la vie de Moïse), soit que toujours altérés des choses célestes, nous ayons été instruits par quelque inspiration secrète. La loi dit : « Suivez le Seigneur votre Dieu, et gardez mes commandements. » Car, ressembler à Dieu, selon la loi,