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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

faut pas consumer entièrement les fruits doux, pas plus ceux de la terre que ceux de l’âme. Elle ne nous permet même pas de ravager les champs de l’ennemi. Les agriculteurs peuvent eux-mêmes profiter des prescriptions de la loi ; elle veut que pendant trois années consécutives on cultive avec le plus grand soin les arbres nouvellement plantés, qu’on en élague les pousses inutiles, de peur qu’ils ne succombent sous leur poids, et que la sève, divisée en une infinité de petits filets, et insuffisante aux besoins de chaque branche, ne les laisse s’affaiblir. Vous retournerez et vous creuserez la terre autour de ces jeunes plants, dit encore la loi, afin que rien ne s’élève à leur pied et ne vienne en arrêter la végétation. Elle ne permet pas non plus de cueillir des fruits imparfaits sur des tiges imparfaites encore, mais seulement trois ans après, lorsque l’arbre sera en pleine croissance, et que les prémices en auront été d’abord consacrées à Dieu. Ce principe d’agriculture est destiné à nous apprendre que les rejetons des péchés, et les mauvaises herbes de la pensée, qui poussent avec le fruit primordial, doivent être arrachées jusqu’à ce que le germe de notre foi ait acquis son développement et sa force. Car, la quatrième année, attendu qu’il faut aussi du temps au catéchumène, pour se consolider dans l’enseignement, le néophyte est consacré à Dieu par le groupe des quatre vertus, la troisième s’unissant déjà seule à la quatrième hypostase du Seigneur. Mais le sacrifice de la louange est au-dessus des holocaustes, car c’est Dieu, dit la loi, qui vous a donné la force d’exercer votre puissance. Si nous avons été éclairés par la lumière, maintenant que nous sommes fortifiés et renouvelés, montrons-nous forts par l’acquisition de la connaissance. Quel est le but de la loi ? Elle nous avertit que les biens et les dons nous sont distribués par la main de Dieu, et que, ministres de la grâce divine, nous devons travailler à la propagation de ses bienfaits, en rendant bons et honnêtes ceux qui nous approchent, en sorte que la continence naisse de la tempérance, la générosité du courage, l’intelligence de la sagesse, et la justice de la justice.