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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ticide. La loi défend encore, dans ses dispositions bienveillantes, d’offrir le même jour en sacrifice le petit et la mère. C’est de là que les Romains, lorsqu’une femme enceinte est condamnée à mort, défendent qu’elle subisse sa peine avant d’être accouchée. Il est interdit, poursuit la loi, d’égorger toute femelle durant le cours de sa gestation, réprimant de la sorte indirectement la violence de l’homme contre l’homme. C’est ainsi qu’elle étend la bénignité jusqu’aux animaux, afin qu’après l’avoir exercée envers des êtres qui ne sont pas nos semblables, nous montrions une compassion plus grande envers nos frères. Mais ceux qui meurtrissent violemment le ventre de certains animaux avant qu’ils aient mis bas, afin que la chair mêlée de lait leur présente une nourriture plus savoureuse, font de la matrice, créée pour la génération, un sépulcre au fétus qu’elle renferme. Et cependant la loi dit positivement : « Vous ne ferez point cuire l’agneau dans le lait de sa mère, car il ne faut pas que l’aliment d’un animal vivant devienne l’assaisonnement d’un animal tué, et que la cause de la vie serve à la destruction du corps. » La même loi défend de lier la bouche du bœuf qui foule le grain, car celui qui travaille mérite la nourriture, et, dans le même livre, d’atteler ensemble un bœuf et un âne pour labourer la terre. Peut-être a-t-elle égard au peu de rapport qui existe entre ces deux animaux. Sans doute aussi elle proscrit en même temps l’injustice envers qui que ce soit, et défend de soumettre au joug l’étranger, s’il n’existe contre lui d’autre charge que la différence de sa race ; fait qu’on ne peut reprocher à personne, puisqu’il n’est ni un vice, ni le fruit d’un vice. Pour moi j’inclinerais à y voir de plus une allégorie dont le sens est, qu’il ne faut pas livrer indistinctement à l’homme souillé et à l’homme impur, au fidèle et à l’infidèle, le don du Verbe. En effet, l’un de ces animaux est pur, c’est le bœuf ; l’âne est réputé impur.

La loi, par un surcroît de bienveillance et de bonté, nous enseigne non-seulement qu’il ne faut pas abattre les arbres à fruits doux, ni couper les blés avant la moisson, dans un but seulement de destruction, mais encore qu’il ne