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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

pliant. Cette parole est donc pleine de vérité : « Comme le fourneau éprouve l’or et l’argent, ainsi le Seigneur éprouve le cœur des hommes. » Et celle-ci : « L’homme miséricordieux est patient. » La sagesse est à l’homme que la sollicitude conduit ; car la sollicitude est le partage de l’homme intelligent, et celui qui veille cherchera la vie, et celui qui cherche Dieu, trouvera la connaissance avec la justice. Mais ceux qui ont cherché Dieu par le droit chemin, ont trouvé la paix. »

Il me semble aussi que Pythagore avait puisé dans la loi sa douceur envers les animaux, quoiqu’ils manquent de raison. Ce philosophe, par pitié pour le père et la mère, défendait, sans même que l’on pût prétexter un sacrifice, de toucher immédiatement aux nouveau-nés des brebis, des chèvres et des génisses, voulant ainsi que l’indulgence envers la brute élevât l’homme jusqu’à la mansuétude envers son semblable. « Accordez à la mère, dit-il, son petit, au moins pendant les sept premiers jours ; car si rien n’a lieu sans cause, et que dans les mamelles de la bête qui a mis bas, le lait arrive à flots pour la nourriture des petits, ravir les petits à l’allaitement de leur mère, c’est outrager la nature. » Rougissez-donc, ô Grecs, et vous tous qui vous joignez à eux pour attaquer la loi, puisqu’elle se montre compatissante pour les animaux privés de raison, tandis que ses détracteurs exposent les enfants même des hommes. Et cependant, la loi, bien des années auparavant, avait condamné leur barbarie par son précepte prophétique. Oh ! si elle défend de séparer les petits de la mère avant l’allaitement, à plus forte raison s’arme-t-elle ainsi d’avance de prescriptions contre la dure et impitoyable férocité des hommes, afin que s’ils outragent la nature, ils respectent du moins la loi. Et encore, comme il est permis de se nourrir de la chair des chevreaux et des agneaux, on serait excusable d’avoir séparé les petits de la mère ; mais quel motif peut-on alléguer pour exposer un enfant ? Il fallait que dès l’origine cet homme qui reculait devant la paternité, vécût dans le célibat, plutôt que de satisfaire l’intempérance de ses désirs, pour devenir ensuite infan-