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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

et à se communiquer. La loi dit encore : « Si tu rencontres dans le désert une bête de somme égarée, qu’elle appartienne à un de tes intimes, ou à un de tes amis, ou à un homme que tu connaisses, ramène-la et rends-la. Et s’il arrive que le maître soit absent du pays, garde sa bête de somme avec les tiennes jusqu’à son retour, et alors rends-la lui. » La communauté naturelle est ici écrite dans la loi, afin que nous considérions comme un dépôt ce que nous trouvons, et que nous pratiquions envers nos ennemis l’oubli des injures. Le commandement du Seigneur est véritablement une source de vie qui préserve des atteintes de la mort. Mais quoi ? la loi n’ordonne-t-elle pas d’aimer les étrangers, non seulement comme des amis et des proches, mais encore comme soi-même, et de corps et d’âme ? Que dis-je ! Honorant les Gentils eux-mêmes, elle n’a montré aucune haine pour ceux qui avaient persécuté Israël. Car elle dit ouvertement : « Vous n’aurez point en abomination l’Égyptien, parce que vous avez été étrangers en la terre d’Égypte ; » appelant Égyptien, soit l’Égyptien même, soit tout autre étranger. Enfin, voilà des ennemis qui menaçant déjà les murs de la ville, s’efforcent de la prendre ; la loi ne veut pas qu’on les regarde encore comme ennemis, avant qu’on leur ait envoyé des députés pour les convier à la paix. Elle interdit même l’insulte à l’égard d’une captive. « Après lui avoir donné trente jours pour pleurer librement, dit-elle, ôte-lui ses vêtements de deuil et demeure avec elle, comme avec une épouse légitime. » S’agit-il ici d’assouvir une passion brutale ? Est-ce un honteux salaire donné à une courtisanne ? Non, c’est pour la procréation des enfants, que la loi établit cette coutume. Vous le voyez, union de l’humanité avec la continence ! Au maître, épris de sa captive, elle ne permet pas de contenter sa passion ; elle arrête le désir par un intervalle de temps fixé d’avance ; et de plus, elle coupe les cheveux de la prisonnière, afin que le maître rougisse d’un honteux amour ; car, si la raison lui conseille le mariage, il retiendra cette femme auprès de lui, même ainsi dégradée. Puis, le désir satisfait, s’il ne juge pas bon d’habiter plus longtemps avec sa captive, non-seulement il ne lui est pas permis de la