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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

justice et la bonté de Dieu, qui fournit abondamment des aliments à tous. Même attention dans les vendanges. Le maître ne doit ni revenir sur les grappes oubliées, ni reprendre celles qui sont tombées. L’injonction s’applique également à ceux qui récoltent les olives. Enfin, la dîme des fruits et des troupeaux apprenait aux Juifs à être pieux envers le ciel, à ne pas tout sacrifier à l’amour du gain, au contraire, à admettre le prochain, aux bienfaits de l’humanité. Ces dîmes et ces prémices nourrissaient les prêtres, si je ne me trompe.

Nous le comprenons donc maintenant, la loi nous a enseigné la piété, la communication des biens, la justice, la miséricorde. N’est-ce pas elle qui ordonne que la septième année le champ reste en friche, afin que le pauvre jouisse librement des productions dont la main de Dieu le couvrira, la nature se chargeant ainsi de cultiver pour qui voudrait user de ses largesses ? Comment donc la loi ne serait-elle pas bonne et n’enseignerait-elle pas la justice ? Elle ordonne pour la cinquantième année les mêmes choses que pour la septième. Elle restitue en outre à chacun son fonds de terre, s’il lui a été enlevé dans l’intervalle par quelque nécessité fâcheuse, circonscrivant dans un usufruit à terme certain la cupidité de ceux qui ont soif d’acquérir ; accordant sa pitié à ceux qui auraient été punis par une longue indigence, et ne voulant pas que la punition se-prolonge toute leur vie. « La miséricorde et la vérité gardent le roi. La bénédiction est sur la tête de l’homme qui donne ; celui qui a pitié du pauvre sera heureux, parce qu’il exerce la charité envers son semblable, à cause de la charité qui l’unit lui-même au créateur de la race humaine. »

Les matières que nous venons de traiter renferment encore d’autres instructions non moins conformes à la nature, sur le repos et sur le recouvrement de l’héritage. Il est inutile d’en parler ici. La charité se comprend de plusieurs manières : elle est tour à tour la mansuétude, la bénignité, le support, l’absence de tout sentiment d’envie, de jalousie ou de haine, et l’oubli des injures. Elle est à la fois dans tous et dans chacun, sans qu’on puisse dire qu’elle est ici plutôt qu’ailleurs, aimant à se répandre