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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nous tendons vers la piété et vers des actes en conformité avec Dieu, devenus semblables au Seigneur autant qu’il est au pouvoir de notre infirme et mortelle nature. Atteindre à ce but, c’est être juste et saint avec prudente. Dieu est sans besoins et sans passions ; par conséquent, il n’est pas continent dans l’acception propre du mot ; puisqu’il ne tombe dans aucune tentation qu’il doive vaincre. Mais notre nature à nous, étant travaillée par les passions, a besoin de la continence. C’est par la continence, qu’exercée à se contenter de peu, elle s’efforce, par ses dispositions, de s’élever jusqu’à la nature divine. Car l’homme de bien se contente de peu, dans la pensée qu’il vit sur la limite qui sépare la nature immortelle de la nature mortelle. Ses besoins lui viennent de son corps et de son origine. Mais la continence, avec le secours de la raison, lui apprend à restreindre ces exigences. Pourquoi la loi défend-elle à un homme de prendre un habit de femme ? Que veut-elle, sinon que nous soyons hommes, sans jamais nous efféminer, soit dans notre corps, soit dans nos actions, soit en esprit, soit en paroles ? Elle dit au zélateur de la vérité : Arme-toi d’un caractère mâle dans les occasions qui exigent de la patience et de la résignation, dans ta conduite, dans tes mœurs, dans tes discours et dans tes actions, la nuit comme le jour, fallût-il même, pour arriver au but, porter témoignage au prix de ton sang. Voilà ce que veut la loi. Elle ajoute : Quel est l’homme qui a bâti une maison nouvelle, et ne l’a pas encore habitée ? Quel est l’homme qui a planté une vigne et n’en a pas encore recueilli les fruits ? Quel est l’homme qui a été fiancé à une jeune fille, et ne l’a pas encore épousée ? Puis, dans son humanité, elle recommande qu’on dispense ces hommes de la milice. Ici, général prudent, elle craint qu’ayant l’esprit emporté ailleurs par des préoccupations étrangères, nous n’engagions sans ardeur le combat ; car, le soldat intrépide qui fait face aux périls est libre de toute autre pensée. D’autre part, sa condescendance a consulté l’incertitude des chances de la guerre ; elle a songé qu’il serait injuste que l’un ne jouît pas de ses travaux, et que l’autre recueillît sans travail un bien péniblement ac-