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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

les entraîner dans sa ruine. Dieu l’a prédit, et dans l’abondance de sa miséricorde, il a fait don d’une secondé pénitence aux enfants de la foi qui viendraient à tomber ; afin que si la faiblesse, cédant à la force ou à la séduction, se laissait tenter, elle reçût une seconde pénitence, celle après laquelle il n’y a plus de pénitence. « Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il n’y a plus désormais de victime pour les péchés, mais il ne nous reste qu’une attente terrible du jugement, et le feu vengeur qui dévorera les ennemis de Dieu. » Ceux dont les pénitences et les fautes se succèdent continuellement ne diffèrent en rien de ceux qui n’ont pas encore la foi, sinon qu’ils ont péché avec connaissance de cause. Et je ne sais ce qu’il y a de plus funeste, ou de pécher sciemment, ou de se repentir de ses péchés et d’y retomber de nouveau ; des deux côtés la faute est évidente. Ici, pendant l’acte même, l’iniquité est condamnée par l’ouvrier de l’iniquité ; là, l’auteur du péché le connaît avant de le commettre, et pourtant il s’y livre avec la conviction que c’est un mal. L’un se fait l’esclave de la colère et du plaisir, n’ignorant pas à quels penchants il s’abandonne ; l’autre qui, après s’être repenti de ses vices, se replonge de nouveau dans la volupté, touche de près à celui qui, dès le principe, pèche volontairement ; faire succéder au repentir d’un péché l’acte de ce même péché, tout en le condamnant, n’est-ce pas le commettre avec connaissance de cause ? Celui donc d’entre les gentils qui, de sa vie antérieure et profane, a pria son envol vers la foi, a obtenu d’un seul coup la rémission de tous ses péchés. Mais celui qui, pécheur relapse, s’est ensuite repenti, lors même qu’il obtient son pardon, doit rougir de honte, comme n’étant plus lavé par les eaux baptismales pour la rémission des péchés. Car il faut qu’il renonce, non-seulement aux idoles dont il se faisait auparavant des dieux, mais encore aux œuvres de sa vie antérieure, l’homme qui est né à la foi, non du sang ni de la volonté de la chair, mais qui a été régénéré dans l’esprit ; ce qui arrivera si, fidèle à ne pas retomber dans le même péché, il se repent avec sincérité.