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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

est le commencement de l’amour. Elle devient, par accroissement, la foi d’abord, l’amour ensuite. Mais la crainte de Dieu n’est pas comme la crainte et l’aversion qu’inspire une bête féroce (souvenons-nous que la crainte est double). J’appréhende le blâme de mon père que je crains et que j’aime à la fois. Dans la crainte du châtiment, je m’affectionne moi-même en choisissant la crainte ; mais craindre d’offenser son père, c’est l’aimer. Heureux donc celui qui devient fidèle sous la double influence de l’amour et de la crainte ! La foi est une force pour le salut, et une puissance pour la vie éternelle. La prophétie est une prescience. La connaissance est l’intelligence de la prophétie, et pour ainsi dire la connaissance des choses révélées d’avance aux prophètes, par le Seigneur, qui manifeste tout avant le temps. Ainsi, la connaissance des choses prédites nous découvre trois sortes d’événements ; ou celui qui a eu lieu, ou celui qui est déjà présent, ou celui qui arrivera. Sont du domaine de la foi les deux termes de la prophétie embrassant soit les faits accomplis, soit les faits espérés. Ce qui se passe maintenant sert à nous persuader ces prédictions du passé et de l’avenir. En effet, la prophétie étant une, si l’un de ses termes est déjà consommé, tandis que l’autre s’accomplit, ce qu’on attend encore est assuré, et le fait accompli est tenu pour vrai. Car, le passé était d’abord présent, puis il est resté en arrière de nous ; de telle sorte que la foi aux événements qui ne sont plus est la compréhension du passé, et que l’espérance dans les choses futures est la compréhension de l’avenir. Or, consultez, non-seulement les Platoniciens, mais encore les Stoïciens, ils vous diront que les acquiescements sont en notre pouvoir. Donc, toute opinion, tout jugement, toute pensée, toute discipline dans laquelle nous vivons, et qui lie nos rapports avec le genre humain, est un acquiescement qui se confond avec la foi. L’incrédulité ou l’infidélité, par là même qu’elle est la répudiation de la foi, montre aussi la possibilité de l’assentiment et de la foi. Y a-t-il privation d’une chose qui n’existe pas ? Et à bien considérer ici la vérité, on trouvera que l’homme, intérieurement enclin à acquiescer au mensonge, a pourtant en lui des instincts qui le portent vers la foi à la vérité. Que dit