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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

croire à Dieu ; la foi est la force de Dieu, puisqu’elle est la force de la vérité. Aussi le Seigneur a-t-il dit : « Si vous aviez la foi dans la mesure d’un grain de sénevé, vous transporteriez des montagnes. » Et de rechef : « qu’il vous soit fait selon votre foi ; » l’un est guéri pour avoir cru, l’autre est ressuscité grâce à la foi de celui qui avait cru à sa résurrection.

La démonstration qui s’appuie sur l’opinion est humaine et naît des arguments oratoires, ou des raisonnements de la dialectique. Mais la démonstration suprême qui repose sur la science, comme il a été prouvé, inculque la foi dans l’âme de ceux qui veulent apprendre, en leur présentant et en leur ouvrant les Écritures. Cette démonstration est la Connaissance. Car, si les traditions auxquelles on a recours pour atteindre à la vérité, ont été reçues comme véritables, en tant que divines et prophétiques, il est évident que les conséquences qu’on en déduira seront véritables, et que la connaissance sera pour nous une démonstration. Aussi, lorsque Moïse reçut l’ordre de consacrer, dans un vase d’or, un témoignage commémoratif de la divine et céleste nourriture, « le Gomor, nous dit-il, est la « dixième partie des trois mesures. » Ces trois mesures signifient que nous avons en nous trois critériums : le sentiment pour les choses sensibles ; la parole pour les choses parlées, c’est-à-dire les noms et les mots ; l’esprit pour les choses qui ne peuvent être perçues que par l’intelligence. Le gnostique s’abstiendra conséquemment de pécher, soit en parole, soit en pensée, soit en sentiment, soit en action, une fois qu’il sera averti par la parole que quiconque regarde avec un but de convoitise a déjà commis l’adultère ; une fois qu’il aura conçu dans son esprit le bonheur de ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu, et qu’il saura du reste que ce n’est pas ce qui entre dans la bouche, mais ce qui en sort, qui souille l’homme. Du cœur, en effet, viennent les pensées. À mon avis, les dix parties qui composent l’homme, et que représentent en somme les trois mesures énoncées plus haut, constituent cette mesure véritable et juste, selon Dieu, d’après laquelle nous mesurons tout ce