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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ajoute : « Ne vous laissez pas vaincre par le mal, mais triomphez du mal par le bien. » Le même apôtre confesse que les Juifs ont du zèle pour Dieu, mais que leur zèle n’est point selon la science, parce que, ne connaissant point la justice de Dieu, et s’efforçant d’établir la leur propre, ils ne se sont point humiliés sous la justice de Dieu. En effet, ils n’ont ni connu ni fait la volonté de la loi ; ce qu’ils ont pensé, ils ont cru que la loi le voulait. Ainsi ils n’ont pas cru à la loi en tant que parole prophétique, ils n’ont vu en elle qu’une parole stérile. C’est par crainte, non par affection ni par foi qu’ils lui ont été fidèles ; car Jésus-Christ, dont l’avénement a été prédit par la loi, est la fin de la loi pour justifier tous ceux qui croiront. C’est pourquoi Moïse dit aux Juifs : « Et moi je les provoquerai avec un peuple qui n’est pas le mien, et je les irriterai avec un peuple insensé, c’est-à-dire contre un peuple prêt à obéir. » Isaïe ajoute : « J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, et je me suis manifesté à ceux qui ne demandaient point à me connaître ; » c’est-à-dire avant la venue du Seigneur, après laquelle les reproches du prophète s’adressent avec raison à Israël : « J’ai tendu les bras durant tout le jour à ce peuple incrédule et rebelle à mes paroles. » Voyez-vous comme le prophète attribue clairement la cause de la vocation des gentils à l’incrédulité et à la rébellion du peuple de Dieu ? Ce n’est pas tout : là se manifeste aussi la bonté de Dieu ; car l’apôtre dit : « Mais la chute des Juifs est devenue une occasion de salut aux gentils, afin que cet exemple leur inspirât une émulation salutaire, et les excitât au repentir. » Le Pasteur, parlant de ceux qui dormaient déjà leur sommeil, reconnut que parmi les gentils et les Juifs, non-seulement avant la venue du Seigneur, mais encore avant la loi ancienne, plusieurs justes avaient trouvé grâce devant Dieu, tels qu’Abel, Noé, et d’autres encore. Suivant lui, « les apôtres et les docteurs qui avaient prêché le nom du fils de Dieu, étant morts dans sa foi, et revêtus de sa puissance, avaient prêché à ceux qui étaient morts avant eux. » Puis il ajoute ; « Et à ces derniers ils donnèrent le sceau de la prédication. Ils sont donc des-