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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

deux contraires. Le mal est le contraire du bien, comme le juste de l’injuste. Si donc le Seigneur a dit que le commencement de la crainte est l’éloignement du mal qu’amène la crainte du Seigneur, la crainte est donc un bien ; la crainte de la loi n’est pas seulement juste, elle est encore bonne, puisqu’elle nous délivre du vice. En nous conduisant ainsi par la crainte à la délivrance de la crainte, ce n’est pas par les troubles de l’âme que le Seigneur produit le calme dans notre âme, c’est par la discipline qu’il établit en elle l’empire sur les passions. C’est pourquoi lorsque Salomon nous dit : « Honore le Seigneur et tu seras fort ; mais ne crains personne autre que moi, » la conclusion est que, craindre le péché et obéir aux préceptes donnés par Dieu même, c’est honorer Dieu. La crainte, née du respect, voilà la crainte de Dieu. Mais, quoique la crainte soit un mouvement de l’âme, comme il en est qui le veulent, toute crainte n’est pas un trouble de l’âme : la crainte des démons est de cette nature, les démons n’étant que trouble au dedans et au dehors. Au contraire, Dieu étant impassible, la crainte qu’il inspire est aussi libre de troubles que lui-même. Ce n’est pas Dieu que je crains, je crains seulement d’être précipité du sein de Dieu. L’homme qui redoute de tomber dans le vice, craint le vice et le redoute. Celui qui redoute la chute veut être incorruptible et sans passions. Que dit l’Écriture ? « Le sage craint, et se détourne du mal ; l’insensé, dans sa folle confiance, s’attaque à Dieu. » Et plus loin : « Dans la crainte du Seigneur réside l’espérance de la force. »

CHAPITRE IX.
Les vertus chrétiennes se tiennent mutuellement.

Cette crainte nous élève donc vers le repentir et vers l’espérance. L’espérance est l’attente d’un bien ou le bon espoir d’entrer en possession d’un bien absent. On passe par des épreuves pour arriver au bon espoir qui semble nous conduire par la main vers la charité. La charité est l’observance de ce qui est