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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

eu les mêmes idées, dans l’épître où il écrit : « Les anges furent saisis de crainte lorsque cette argile humaine, qu’ils avaient pétrie, fit entendre des sons dont elle ne paraissait pas capable, merveilleux effet de la semence invisible de l’essence divine que l’homme avait reçue d’en haut, et qui lui donnait la faculté de la parole ; de même, parmi les générations païennes, les statues, les images, et tous les simulacres que fabriquèrent les mains humaines, en la forme de Dieu, devinrent des objets d’épouvante à ceux-là même qui les avaient produits. Adam, ayant été fait en la forme de l’homme prééxistant, inspira de la crainte aux anges, comme si le type primitif revivait dans l’imitation. Frappés d’étonnement, ils voulurent anéantir leur œuvre. » Voilà ce que disent les Valentiniens. Mais il n’y a qu’un seul principe, comme nous le prouverons bientôt, d’où l’on verra clairement que ces hérétiques ne sont que des visionnaires et des rêveurs. Dieu ayant trouvé bon d’instruire son peuple par la loi et par les prophètes, avant de lui envoyer le Verbe, la crainte du Seigneur a été appelée le commencement de la sagesse, crainte proclamée par Moïse, pour les indociles et les cœurs durs. Car, ceux que ne subjugue pas la loi, la crainte les assouplit. Le Verbe qui enseigne et châtie avait bien prévu d’avance l’indocilité et la dureté du cœur. Il voulut les purifier de l’une et de l’autre manière ; et monta l’instrument à la piété. La stupéfaction naît donc d’une chose qui se présente à nous, terrible ou inattendue, comme, par exemple, une nouvelle ou une vision subite ; la crainte, au contraire, est une admiration exagérée pour ce qui naît ou ce qui est.

Les Basilidiens ne remarquent donc pas qu’en soumettant à la stupéfaction ce grand Dieu qu’ils célèbrent eux-mêmes, ils le livrent également aux agitations de l’âme, et le font esclave de l’ignorance avant la stupéfaction ; puisque l’ignorance précède la stupéfaction. Mais si la stupéfaction et la crainte, commencement de la sagesse, furent la crainte de Dieu, prenez-y garde, voilà l’ignorance érigée en cause première, précédant la sagesse de Dieu, précédant la création, et même le choix et la distinction des genres ? Est-ce l’ignorance du bien ? Est-ce