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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cement de la sagesse. » La véritable intelligence habite en ceux qui l’éprouvent. David nomme la sagesse une opération dont le commencement est la crainte de Dieu ; crainte qui nous ouvre la route vers la sagesse. Si la loi engendre la crainte, le commencement de la sagesse est la connaissance de la loi, et, sans la loi, pas de sage. Les insensés sont ceux qui repoussent la loi ; aussi est-ce justice de les appeler athées. Mais la discipline est le commencement de la sagesse. « Les insensés méprisent la sagesse et la discipline », dit l’Écriture. Voyons les maux que la loi proclame redoutables. Sont-ce les maux qui tiennent le milieu entre le vice et la vertu, la pauvreté, par exemple, les maladies, l’obscurité du rang, la bassesse de la naissance et d’autres semblables ? Mais on vante la législation de plusieurs cités qui les proposent pour but. C’est aussi l’opinion des Péripatéticiens, qui établissent trois sortes de biens, et regardent leurs contraires comme des maux. Mais notre loi à nous, nous ordonne de fuir les véritables maux, savoir : l’adultère, le libertinage, le péché de Sodôme, l’ignorance, l’injustice, les maladies de l’âme, la mort, non celle qui sépare l’âme du corps, mais celle qui sépare l’âme de la vérité. Voilà les maux graves et véritablement à redouter, ainsi que les désordres qui en découlent. « Non, on ne tend pas impunément des pièges à l’innocence, disent les divins Proverbes ; car les complices du meurtre amassent sur leurs propres têtes un trésor de maux. » Comment donc certains hérétiques viennent-ils prétendre encore que la loi n’est pas bonne, en appelant de tous leurs poumons à cette parole de l’apôtre : « La loi donne la connaissance du péché. » Nous répondons : La loi n’a pas fait le péché ; elle l’a montré. Après avoir prescrit ce qu’il faut faire, elle a frappé de blâme ce qu’il ne fallait pas faire. Or, enseigner ce qui sauve, et signaler ce qui perd, conseiller l’un, défendre l’autre, n’est-ce pas là le caractère d’une bonne loi ? Ils n’ont pas compris l’apôtre. D’après lui la connaissance du péché a été rendue manifeste par la loi ; il ne dit pas que l’on reçoive de la loi la cause du péché. Comment donc ne serait-elle pas bonne, la loi qui nous sert de maître et nous conduit, comme des enfants, à Jésus-Christ », afin que,