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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

vie animale est impossible. De même, sans la foi, on ne peut atteindre à la connaissance. La foi est donc la base de la vérité.

CHAPITRE VII.
Usage de la crainte ; réfutation de ceux qui l’attaquent.

Les détracteurs de la crainte sont en même temps les détracteurs de la loi. Attaquer la loi, c’est évidemment attaquer Dieu, auteur de la loi. Peut-on séparer l’administrateur de l’administration, et l’administration de la chose administrée ? Vous posez en principe l’abolition de la loi ! il faut dès lors que chacun, se livrant au plaisir selon que ses désirs l’y poussent, méprise ce qui est juste, dédaigne Dieu, et affiche, sans crainte, l’injustice et l’impiété, puisqu’il a déserté les voies de la vérité. La crainte, dites-vous, n’est qu’un instinct de fuite où la raison n’agit en rien, une maladie de l’âme. Qu’est-ce à dire ? Et comment pouvez-vous admettre plus longtemps une pareille définition, quand le précepte de la crainte m’a été donné par le Verbe lui-même ? Or, le précepte a promulgué la crainte, préparant ainsi, par la discipline, la conversion du pécheur qui s’y soumet. La crainte n’est donc pas étrangère à la raison ; elle a donc la raison pour guide.

Comment n’en serait-il pas ainsi ? La loi dit : « Tu ne tueras point ; tu ne seras point adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne porteras point de faux témoignage. » Mais si les philosophes veulent sophistiquer sur les mots, eh bien ! qu’ils décorent la crainte de la loi du nom de circonspection, avertissement de la raison qui nous conseille de fuir. C’était à bon droit que Critolaüs le phasélyte appellait ces philosophes batailleurs de mots. Envisagé sous une autre qualification, le précepte a paru sage et même sublime à nos détracteurs. La circonspection, selon eux, est donc conforme à la raison, puisqu’elle nous porte à fuir toute chose nuisible, et qu’à sa suite arrive le repentir des fautes commises. Car, « la crainte du Seigneur est le commen-