Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

grâce dont nous avons été jugés dignes d’entendre les paroles ; mais ce recueil sera une image qui rappellera le modèle à celui dont l’esprit en aura été vivement pénétré ; car, il est dit, parle à un sage, et il deviendra plus sage ; et celui qui possède recevra plus encore. Toutefois ce recueil ne promet, pas une explication suffisante de nos saints mystères ; il s’en faut de beaucoup qu’il la donne ; il promet seulement de nous les rappeler, soit que nous les ayons parfois oubliés, soit afin que nous ne les oubliions plus. Je le sais, beaucoup de choses, pour n’avoir pas été écrites, nous sont à la longue sorties de la mémoire. Aussi pour obvier à la faiblesse de la mienne, je me suis fait une exposition divisée par chapitres, et voilà pourquoi j’ai adopté cette forme donnée à mon ouvrage. Bien des choses nous ont échappé ; car l’élévation de ces saints personnages était merveilleuse : beaucoup d’autres, pour n’avoir pas été notées, se sont, avec le temps, effacées de notre mémoire. Il en est encore dont le souvenir est fort affaibli et presque éteint. Il n’est pas facile de rendre compte de ce travail à ceux qui n’en ont pas l’expérience. Mais en réveillant ces souvenirs, ainsi que je le fais, j’omets plusieurs choses à dessein, pour ne pas écrire ce que je me suis gardé de dire, non par envie, ce qui serait coupable, mais dans la crainte que mes lecteurs, prenant peut-être mes paroles dans un autre sens que le sens véritable, ne viennent à faillir, et qu’on puisse m’accuser, comme dit le proverbe, d’offrir une épée à un enfant. Car ce qui est écrit est écrit, et demeure quand même on ne le publierait pas ; et ce que vous avez une fois écrit et qui ne change pas vous reproduit toujours les mêmes choses quand vous les consultez ; car ces choses manquent nécessairement du secours ou de celui qui les a écrites, ou de celui qui a marché sur ses traces. Il en est aussi que je ne désignerai qu’à mots couverts. J’insisterai davantage sur les unes ; je me contenterai de faire mention des autres ; je m’efforcerai de me faire entendre sans rien dire, de manifester en me servant d’un voile, de montrer en me taisant. Je rapporterai les opinions émises par les hérétiques les plus célèbres, et je leur opposerai tout ce qui