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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

humaine, comme le pensent les Grecs, déjà elle serait éteinte. Mais si, dans ses accroissements journaliers, il n’est pas un lieu où elle ne soit, je dis que la foi, qu’elle ait pour fondement la charité ou la crainte, comme le veulent nos accusateurs, est une vertu vraiment divine, puisque aucune affection terrestre n’en peut diviser les forces, ni aucune crainte présente en ruiner la puissance. Car, c’est par l’amour uni à la foi que la charité fait les fidèles ; et à son tour, la foi est le fondement de la charité, puisque c’est elle qui suscite la bienfaisance. Dès que nos détracteurs même croient à la crainte, cette institutrice de la loi, la crainte est donc un article de foi ; et si le fait en révèle l’existence, ce n’est pas à une crainte présente et immédiate qu’ils croient, mais à une crainte future et pleine de menace. S’ils croient à la réalité de la crainte, ce n’est donc pas la crainte qui engendre la foi, puisque c’est par la foi que la crainte est jugée digne de croyance. Grâce aux merveilleux changements que Dieu opère par la foi, l’incrédule devenu croyant croit en même temps à l’espérance et à la crainte. Il nous paraît donc évident que la foi est le premier pas vers le salut. Après elle, la crainte, l’espérance et la pénitence, unies à la continence et à la persévérance, nous conduisent progressivement vers la charité et vers la connaissance. Ainsi l’apôtre Barnabé a donc eu raison de dire : « J’ai pris à tâche de vous communiquer peu à peu les dons que j’ai reçus, pour vous affermir dans la foi et vous faire entrer dans l’intelligence des mystères de Jésus-Christ. » La crainte et l’attente des biens futurs sont comme les gardiennes de notre foi ; mais la patience dans les maux et la continence nous soutiennent dans le combat. « Ceux en qui ces vertus demeurent dans leur pureté, appartiennent à Dieu et trouvent leur joie dans la sagesse, l’intelligence, la science et la connaissance. » Or, comme les vertus précédentes sont les éléments de la connaissance, il résulte que la foi en est un principe encore plus élémentaire, puisqu’elle est aussi nécessaire au gnostique qu’à l’homme qui vit dans ce monde, l’air qu’il respire. Sans les quatre éléments, la