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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nificence qui n’a pour objet que le bien de la créature. Si la foi d’Abraham lui fut imputée à justice, descendants d’Abraham, c’est aussi parce que nous avons entendu que nous devons croire, car nous sommes ces enfants d’Israël qui croyent, non par des prodiges, mais par les paroles qu’ils entendent. « C’est pourquoi, réjouis-toi, stérile, qui n’enfantes pas ; chante des cantiques de louanges, pousse des cris de joie, toi qui n’avais pas d’enfants, dit le prophète. L’épouse abandonnée est devenue plus féconde que celle qui a un époux. Tu as vécu au milieu du peuple, tes enfants seront bénis sous les tentes de leurs pères. »

Si la prophétie nous promet les mêmes demeures qu’aux patriarches, c’est la preuve qu’il n’y a qu’un Dieu pour les deux alliances. « Tu as hérité de l’alliance d’Israël, » ajoute encore plus clairement le prophète, en faisant allusion à la vocation des gentils, épouse longtemps stérile du Verbe, et délaissée jadis par son époux. Le juste vivra de la foi, c’est-à-dire de celle qui vient de l’alliance et des commandements ; car, ces deux alliances, différentes d’époque et de nom, et providentiellement accordées, suivant les progrès du temps, ne faisant d’ailleurs qu’une en puissance, relèvent, l’ancienne comme la nouvelle, d’un seul Dieu, agissant par le ministère de son fils. C’est pourquoi l’apôtre dit dans son épître aux Romains : « C’est dans l’Évangile que la justice de Dieu nous est révélée selon les différents degrés de notre foi pour la foi unique, proclamée par les prophètes et réalisée dans l’Évangile. » L’apôtre nous enseigne ainsi que l’on arrive au salut sur les pas d’un seul et même Seigneur. « Voici, dit-il, ô mon fils Timothée, mes avertissements ; ayez soin, conformément aux prophéties qu’on a faites autrefois, de combattre selon les lois de la sainte milice, conservant la foi et la bonne conscience, à laquelle quelques-uns ayant renoncé, ont fait naufrage dans la foi, parce qu’ils ont souillé la conscience que Dieu leur avait donnée. » Comment, après cela, des lèvres téméraires prétendraient-elles encore que la foi est une vertu facile et vulgaire, à la portée du premier venu ? Si elle était d’invention