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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

sance, un éloignement réfléchi du péché. Le repentir est donc l’œuvre de la foi ; car, à moins de croire que les liens dans lesquels on était auparavant, soient les liens du péché, on ne s’en éloignera pas. Et si l’on ne croit pas qu’un châtiment soit réservé au pécheur, et que le salut de celui qui vit selon les préceptes soit certain, on ne changera pas de conduite. L’espérance aussi naît de la foi. C’est pourquoi les Basilidiens définissent la foi, l’assentiment de l’âme à l’existence des choses qui n’excitent pas en nous de sensations, parce qu’elles sont hors de notre présence. L’espérance est l’attente de la possession d’un bien ; mais il faut que l’attente soit pleine de foi, et celui-là est fidèle, qui conserve intact le dépôt qui lui a été confié. Or, le nôtre se compose des traditions sur Dieu, des préceptes divins, et de l’observance de ces préceptes. Le fidèle serviteur est celui que le Seigneur éprouve ; et lorsque l’apôtre dit : « Dieu est fidèle, » il indique le Dieu qu’il faut croire lorsqu’il parle. Le Verbe nous fait connaître ce Dieu fidèle. Comment donc, si penser c’est croire, comment les philosophes s’imaginent-ils que leurs opinions soient solides, puisqu’ils ne croient pas ? La pensée n’est pas un assentiment volontaire à une démonstration antérieure ; c’est un assentiment irrésistible à quelque chose de puissant. Or, qu’y a-t-il de plus puissant que Dieu ? L’incrédulité est une pensée débile et négative sur une proposition, de même que le doute, un état qui admet difficilement la foi. La foi est une pensée volontaire, une sorte de présomption dictée par la prudence ; l’attente, une croyance à une chose future. En toute autre matière, c’est une opinion sur une chose incertaine. Mais la confiance est la possession anticipée d’un objet. C’est pourquoi nous avons foi en celui dans lequel nous nous confions pour nous aider à faire notre salut et à entrer dans la gloire de Dieu ; et nous avons confiance en Dieu seul, parce que nous savons qu’il ne violera pas ses promesses, et qu’il ne nous retirera pas les biens créés pour nous et réservés à notre fidélité. La bienveillance consiste à vouloir du bien à quelqu’un à cause de lui seul. Or, Dieu n’a besoin de rien. L’homme seul est le but de la bonté du Seigneur, divine mu-