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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

l’ouïe et par la prédication des apôtres, saint Paul élève la foi jusqu’à la parole du Seigneur et jusqu’au fils de Dieu ?

Nous ne comprenons pas encore que la parole de Dieu est une démonstration. À la paume, tout ne dépend pas de l’adresse de celui qui lance la balle ; il faut encore quelqu’un qui la reçoive à propos, afin que le jeu soit conforme aux règles. De même, une doctrine n’entre dans l’esprit du disciple qu’à la faveur de la soumission, sorte de foi naturelle nécessaire pour s’instruire. La fertilité d’une terre favorise le travail du semeur. Le meilleur enseignement est stérile, sans l’assentiment de l’élève, et les prophéties sont vaines sans la docilité des auditeurs. La paille sèche, disposée à subir l’action du feu, s’enflamme plus aisément. Et si l’aimant, cette pierre renommée, attire le fer, elle le doit à l’affinité qui existe entre eux. C’est par la même raison que l’ambre attire la paille. Or, en cette occurrence, le fer et la paille sont entraînés par un souffle qu’on ne peut définir, et qui n’agit pas comme cause efficiente, mais comme cause auxiliaire. Le vice nous fait deux sortes de guerre : tantôt il s’enveloppe de ténèbres et recourt à l’artifice pour nous surprendre, tantôt il nous emporte et nous déchire violemment. C’est pourquoi le Verbe divin a élevé la voix pour appeler tous les hommes. Il connaissait d’avance ceux qui n’obéiraient pas ; mais, parce qu’il est en nous d’obéir ou de résister, et afin que personne ne puisse prétexter de son ignorance, il a fait la vocation égale pour tous, demandant à chacun selon ses forces. Car les uns ont à la fois la volonté et le pouvoir. C’est par une lutte constante qu’ils ont atteint ce double but, et qu’ils se sont purifiés. Les autres, bien qu’ils n’aient pas encore le pouvoir, ont déjà la volonté. La volonté émane de l’âme. L’acte ne peut avoir lieu sans le concours du corps. La fin des choses n’est pas l’unique mesure de leur appréciation. On tient aussi compte à chacun du choix qui l’a déterminé. La résolution a-t-elle été prise sans effort ? S’est-on repenti de ses fautes ? À la suite des remords a-t-on reconnu son erreur ? c’est-à-dire, l’a-t-on connue ensuite ? Car, le repentir est comme une connaissance postérieure ; et la connais-