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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

l’Alcibiade : Platon proclame que le vice est le propre de l’esclave, la vertu le propre de l’homme de bien. « Secouez le joug pesant qui vous accable, dit l’Écriture, et prenez le mien qui est léger ; » expressions familières aux poètes du paganisme. Et cet autre passage, « vous vous êtes vendus à vos péchés, » vient confirmer nos paroles. Quiconque commet le péché est esclave du péché. Or, l’esclave ne demeure pas toujours en la maison ; si donc le fils vous affranchit, vous serez vraiment libres, et la vérité vous affranchira. » Tel est le sens dans lequel l’hôte athénien dit que le sage est beau. Affirmer que le sage, même avec un corps difforme, est beau, parce qu’il est juste, c’est donc ne rien dire que de vrai. « Son visage était obscurci ; il était le dernier des enfants des hommes, » s’écrie le prophète. Que Platon, dans le Politique, ait donné au sage le nom de roi, nous l’avons dit. Cette démonstration terminée, revenons à la foi. Platon prouve en toute évidence, dans le passage où il célèbre en même temps la paix, que la foi est partout nécessaire. « Placez un homme droit et fidèle dans une sédition, vous l’y rencontrerez armé de toutes les vertus. Mais les mercenaires cherchent la mort dans les combats dont ils sont avides, téméraires et injustes pour la plupart, insolents, sans prudence, à peu d’exceptions près. » Or, si ces principes sont justes, tout législateur qui voudra servir les hommes ne portera des lois qu’en se proposant pour but la vertu la plus haute. Cette vertu, c’est la foi elle-même, dont nous avons besoin en toute occasion, dans la paix comme dans la guerre, à chaque moment de la vie ; car elle semble contenir à la fois toutes les autres vertus. Le bien, ce n’est ni la guerre, ni la sédition ; car il faut demander aux dieux de n’avoir jamais à y recourir. La paix, une bienveillance réciproque, voilà le bien par excellence. » Il résulte sans contredit de ces maximes de Platon que la paix doit être le plus ardent de nos vœux, et que la mère des vertus les plus hautes, c’est la foi. Elle est donc juste cette parole de Salomon : « La sagesse est dans la bouche de ceux qui ont la foi, » puisque Xénocrate, dans son Traité de la prudence, appelle la sa-