Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

mone la scytale des Éphores s’écrivait sur des rouleaux de bois. Or ma loi, je le répète, est une loi royale et vivante, une droite raison. La loi ! c’est la dominatrice universelle, la reine des hommes et des dieux, dans la langue poétique de Pindare. Speusippe, dans son premier discours contre Cléophon, s’est rapproché de Platon en écrivant : « Si l’on définit la royauté, le bien ; si le sage lui seul est prince, la loi étant la droite raison, sera bonne. » Rien de plus vrai. Les stoïciens professent les mêmes maximes. Selon eux, la royauté, le sacerdoce, le don de prophétie, la science du législateur, la richesse, la vraie beauté, la noblesse et la liberté n’appartiennent qu’aux sages. Du reste, ils pensent avec l’opinion commune que cet idéal est difficile à rencontrer.

CHAPITRE V.
Il prouve par plusieurs exemples que les Grecs ont beaucoup puisé dans les saintes écritures.

Tous les dogmes dont nous venons de parler, le fait est constant, ont été transmis par le grand Moïse aux Grecs. Dans ce passage : « Parce que Dieu a eu pitié de moi, je suis dans l’abondance de tous les biens, » Moïse nous enseigne que tout appartient au sage. Et Dieu, lorsqu’il dit à Moïse : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, » nous fait connaître que Moïse lui est cher. En effet Dieu honore ouvertement le premier de ces patriarches du titre d’ami. Il change le nom primitif du deuxième en celui de Voyant-Dieu, et il se réserve pour lui-même Isaac comme une victime consacrée, symbole de la rédemption à venir ! Si les Grecs nous vantent leur Minos conversant familièrement avec Jupiter tous les neuf ans, c’est après avoir su que Moïse s’était entretenu avec Dieu, comme un homme parle à son ami. Moïse aussi avait été un sage, un roi, un législateur ; mais notre Sauveur s’élève au-dessus de toute nature humaine, d’une beauté si merveilleuse que nous ne pouvons aimer que lui, nous qui soupirons après