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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

mis au même repas. Car, à quoi sert la sagesse qui ne rend pas sage celui qui peut l’entendre ? Et, en outre, le Sauveur aussi sauve toujours, et toujours il agit comme il voit agir son père. En enseignant, nous apprenons davantage, et en parlant, nous entendons souvent en même temps que ceux qui nous écoutent ; car, il n’y a qu’un maître, et pour celui qui enseigne, et pour celui qui écoute : il est la source et de l’esprit et de la parole. Est-ce que le Seigneur a voulu qu’on fût un moment sans faire le bien ? Il a permis d’admettre à la participation des mystères divins et de cette sainte lumière ceux dont l’esprit et les yeux en seraient dignes ; mais il n’a pas révélé à un grand nombre d’auditeurs les choses qui n’étaient pas à la portée d’un grand nombre d’intelligences ; il ne les a révélées qu’au petit nombre de ceux auxquels il savait que cette nourriture était propre, et qui pouvaient la recevoir, et à l’esprit desquels elle pouvait servir. Il en est des mystères comme de Dieu, ils ne doivent se confier qu’à la parole et non à l’écriture. Si l’on nous répond qu’il est écrit : Il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé, et rien de secret qui ne doive être connu ; que l’on apprenne de nous aussi qu’il a été prédit par ces paroles que celui qui reçoit les mystères comme mystères, les mystères lui seront révélés ; et que celui qui sait conserver dans le secret de l’âme les choses qui lui sont transmises, les choses secrètes lui seront dévoilées ; de sorte que la vérité, et ce qui est caché à la plupart des hommes, sera révélé au plus petit nombre. Pourquoi tous les hommes ne connaissent-ils pas la vérité ? Pourquoi tous n’aiment-ils pas la justice, si la justice est le propre de tous ? Les mystères sont transmis d’une manière mystique, de sorte que la vérité se trouve sur les lèvres de celui qui enseigne, et plus encore dans son intelligence que dans sa bouche. Et c’est Dieu qui a donné à l’Église, les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, d’autres comme pasteurs et docteurs, afin qu’ils travaillent à la perfection des saints, aux fonctions de leur ministère, à l’édification du corps de Jésus-Christ. Je sais quelle est la faiblesse des réflexions qui composent ce recueil, si on les compare à cet esprit plein de