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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nous unit aux choses cachées, comme la démonstration un assentiment manifeste à l’existence d’une chose ignorée. Si donc ce choix comporte le désir, le désir est un acte de l’intelligence. Et puisque le choix de la volonté est toujours le principe de l’action, il suit de là que la foi est le principe même de cette action : base fondamentale du choix plein de sagesse qui la détermine, quand la foi nous a montré un motif raisonnable d’agir. S’attacher volontairement à ce qui est utile, c’est le commencement de la sagesse.

Un choix fermement arrêté est donc d’un grand poids dans l’acquisition de la connaissance. Dès-lors la méditation de la foi devient la science qui repose sur une base inébranlable. De là les philosophes définissent la science une manière d’être que ne peut renverser la raison. Or, existe-t-il réellement quelque autre état semblable, hors la piété, dont la raison est le seul instituteur ? Pour moi, je ne le pense pas. Selon Théophraste, le sentiment est le principe de la foi. N’est-ce pas lui qui suggère les principes à notre raison et à notre intelligence ? Ainsi, qui croit aux saintes Écritures, armé d’un témoignage solide et que rien ne saurait contredire, reçoit avec elles la parole du Dieu qui a donné les Écritures. La foi ne repose donc pas sur des preuves matérielles. « Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru. » Ainsi les syrènes, avec leurs chants d’une puissance surhumaine, saisissaient d’admiration les passants, et, malgré leur résistance, les attiraient à elles par la séduction de leurs voix.

CHAPITRE III.
Il combat les hérétiques qui prétendent que la foi provient d’une nécessité naturelle.

Ici les Basilidiens affirment que la foi nous est naturelle. Conséquemment, ils la placent dans l’élection, avec la vertu de pénétrer les choses sans démonstration préalable, et par