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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

j’ai appris les choses secrètes et ignorées, parce que la sagesse, auteur de tout ce qui est, me les a enseignées. » Vous avez, en quelques mots, la profession de foi de notre philosophie. Entretenue par l’innocence des mœurs, l’étude de ces préceptes nous élève, par l’intermédiaire de cette sagesse, auteur de toutes choses, vers le chef et le modérateur de l’univers : but difficile à découvrir, non moins difficile à atteindre, qui recule incessamment et se dérobe à la main qui le poursuit ! Mais ce Dieu, quoique placé bien loin de l’homme, marche près de l’homme, ô prodige ineffable ! « Je suis le Dieu de près, dit le Seigneur ; c’est mon essence qui est loin. » À quel titre, en effet, l’incréé se rapprocherait-il du créé ? Mais il nous environne par sa puissance qui renferme tout en elle-même. « Qui se cachera dans les ténèbres, sans que je le voie, s’écrie-t-il ? » La puissance de Dieu, en contact avec nous, toujours présente au milieu des hommes, nous voit, nous protége, nous enseigne. Aussi Moïse, persuadé que la sagesse humaine ne peut arriver par elle-même à la connaissance de Dieu, s’écrie : « Montrez-vous vous-même à moi, » et il s’efforce d’entrer dans les ténèbres de la nuée où tonnait la voix de Dieu, qu’est-ce à dire ? dans les mystères profonds et impénétrables de l’Être. Car Dieu n’est pas dans une nuée, ni dans un lieu ; il réside par delà l’espace, le temps et l’essence des choses. Aussi n’est-il point divisible ; il ne contient ni n’est contenu à la manière des substances matérielles, rien ne le circonscrit, rien ne le partage ! « Quel palais pouvez-vous me bâtir, dit le Seigneur ? » Lui-même ne s’en est point bâti, puisqu’il est sans bornes ; quoique le ciel soit appelé sa demeure, il n’y est point renfermé, mais il s’y repose, content de son œuvre. Il est donc évident que la vérité nous est cachée, et s’il nous a suffi d’un seul exemple pour le prouver, il faudra bien se rendre tout à l’heure à la multiplicité de nos témoignages ? Et comment refuser nos éloges « à ceux qui veulent et peuvent arriver, d’après le langage de Salomon, à connaître la sagesse et la discipline, à comprendre les paroles de la prudence, à saisir les lumières de l’intelligence, la justice véritable (car elle diffère de celle que les lois grecques et la philosophie ensei-