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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE XXVII.
La loi a toujours en vue l’intérêt des hommes, même dans les punitions qu’elle leur inflige.

Que les peines infligées par la loi, devenues contre elle un sujet de blâme, ne fassent dire à personne qu’elle n’est ni indulgente ni utile. Autrement celui qui nous délivre de nos maladies corporelles ne nous paraîtrait pas un bienfaiteur ; et les soins de celui qui s’efforce de purifier notre âme des iniquités qui la souillent, ne nous seraient pas d’autant plus précieux que l’âme est plus précieuse que le corps. Mais, pour la santé de notre corps, ne souffrons-nous pas avec patience les amputations et les cautérisations ? Ne prenons-nous pas volontiers des médecines amères ? Et celui qui nous impose ces remèdes, ne l’appelons-nous pas sauveur ? ne lui donnons-nous pas le nom de médecin, de guérisseur ? Or, ce n’est ni par envie, ni par haine contre le patient, mais pour obéir aux nécessités de l’art, que le médecin ampute certaines parties du corps, dont le contact pourrait entraîner la mort des parties saines ; et personne ne taxe de cruauté la science médicale. Eh bien ! pour la santé de notre âme, nous n’endurerions pas avec un égal courage l’exil, ou la prison, ou l’amende, quand il s’agit d’arracher quelqu’un au vice et de le rendre à la vertu ? Car la loi, prenant soin de ceux qui lui obéissent, les forme à la piété, leur prescrit la route à suivre, signale chaque faute, et attache une peine aux moindres délits. Mais voit-elle un individu se conduire de manière à être jugé incurable, alors, dans l’intérêt des autres, et de peur qu’ils ne soient corrompus par lui, elle le condamne à mort, par un arrêt salutaire, comme on retranche du corps un membre vicié. « Lorsque nous sommes jugés, dit l’apôtre, c’est le Seigneur qui nous châtie, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. » Le prophète l’a dit : « Le Seigneur m’a châtié