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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

puissance et la sagesse ; et celui-là même, par l’intermédiaire duquel la loi a été donnée, est l’interprète de cette loi ; celui-là, c’est-à-dire le fils unique, lui, le premier interprète des commandements divins, qui ouvre le sein de son père, pour en tirer les trésors de la science. Ensuite, ceux qui obéissent à la loi, ne peuvent, par cela qu’ils en ont quelque connaissance, ou ne pas croire à la vérité, ou l’ignorer. Mais ceux qui n’obéissent pas à la loi, et qui ne se livrent à aucune des œuvres qu’elle nous prescrit, et généralement tous les incrédules, confessent par là qu’ils ne connaissent pas la vérité. Quelle est donc l’incrédulité des Grecs ? Refuseraient-ils par hasard de croire à la vérité qui proclame que la loi a été donnée par Moïse après que lui-même l’eut reçue de Dieu, quand, sur le témoignage de leurs propres philosophes, ils honorent eux-mêmes Moïse ? Mais Platon, Aristote et Éphore ne rapportent-ils pas que Minos visita tous les neuf ans l’antre de Jupiter, et en rapporta les lois dont il dota la Crète ? Ne rapportent-ils pas, en outre, que Lycurgue se rendit assidûment à Delphes, auprès d’Apollon, et qu’il en apprit la science législative ? Enfin, Caméléon d’Héraclée, dans son Traité sur l’ivresse, et Aristote dans la République de Locres, ne rapportent-ils pas que Zaleucus reçut de Minerve les lois qu’il donna aux Locriens ? Or ceux qui, pour environner la législation grecque du respect des hommes, prétendent qu’elle est l’œuvre de la divinité, sont des ingrats de ne pas confesser alors la vérité qui a servi d’archétype aux traditions déposées dans leurs livres.