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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

il n’a pas sa récompense dans cette vie, mais il l’attend avec confiance de celui qui a promis que les ouvriers auraient leur salaire, chacun selon ses mérites. Le véritable chrétien ne doit pas travailler dans cette vue. Celui qui se glorifie du bien qu’il a fait mérite à cause de son orgueil d’être privé de récompenses. L’homme qui remplit ses obligations dans l’espoir d’obtenir le salaire promis à la vertu, ou pour éviter le supplice annoncé au méchant, n’agit-il pas d’après l’esprit de ce monde ? Il faut, autant que possible, imiter le Seigneur, et celui-là se conforme à la volonté de Dieu, qui, ayant reçu gratuitement, donne gratuitement, et reçoit y comme une récompense assez grande, la vie même dont il jouit. « Le prix de la prostitution, dit le Seigneur, n’entrera point dans le sanctuaire. » C’est pourquoi il a été défendu d’offrir sur l’autel des sacrifices, ce qu’on aura reçu en échange d’un chien. Quiconque aura l’œil de l’âme obscurci par une éducation mauvaise, et par un enseignement vicieux, qu’il marche vers la lumière qui est sa vie, vers la vérité qui, dans les choses écrites, fait comprendre même ce qui n’est pas écrit. « Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux, dit Isaïe, et buvez l’eau dans vos vases, dit Salomon. » C’est pour cela que dans les lois, Platon, dont la philosophie s’est inspirée des traditions hébraïques, engage les laboureurs à n’arroser leurs champs au moyen de rigoles, et à ne recourir à l’eau de leurs voisins, qu’après, avoir fouillé d’abord leur propre fonds jusqu’à la terre que l’on nomme vierge, et que dans le cas où ils n’auraient trouvé qu’un sol entièrement privé d’eau. Car, il est injuste de ne pas venir au secours de l’indigent ; mais nourrir l’oisiveté est un mal. Et Pythagore disait que s’il est raisonnable de partager le fardeau des autres, il n’est pas convenable de les aider à l’abandonner. Or, l’Écriture, en même temps qu’elle réveille le feu endormi dans notre âme, dirige vers la contemplation le regard qui nous a été donné pour y atteindre ; comme l’agriculteur qui greffe, elle insinue une sève nouvelle, ou du moins elle ranime l’ancienne. « Car, il y en a beaucoup parmi nous, selon les paroles du divin apôtre, qui sont malades et languissants, et plusieurs