Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

amena la mère même de l’enfant, pour qu’elle en fût la nourrice, moyennant un salaire convenu, comme si elle eût été une femme étrangère à cet enfant. Puis la fille du roi donna à l’enfant le nom de Moïse, pour rappeler qu’il avait été sauvé des eaux ; car en égyptien moy signifie eau. Or, Moïse avait été exposé sur l’eau pour y mourir. Et dans la même langue, on appelle Moïse quiconque a été sauvé des eaux. Il est évident que lors de la circoncision de l’enfant, circoncision qui eut lieu avant son exposition, ses parents lui imposèrent un nom ; ce nom fût Joacim. Il reçut aussi dans le ciel un troisième nom après son ascension, comme disent les Mystes, et ce nom est Melchi. Arrivé à un âge plus avancé, on lui donna les maîtres les plus savants de l’Égypte, et il apprit d’eux l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, la science du rhythme et de l’harmonie, la médecine et la musique, et de plus, la philosophie symbolique renfermée dans les hiéroglyphes. Des maîtres grecs, qui se trouvaient en Égypte, l’instruisirent comme un fils de roi dans le reste des études encyclopédiques, ainsi que le rapporte Philon dans la Vie de Moïse. Ajoutez que des maîtres égyptiens lui enseignèrent la littérature égyptienne ; et des maîtres chaldéens la science des astres. C’est de là qu’il est dit de lui dans les Actes des apôtres : « Il fut instruit en toute la science des Égyptiens. » Eupolème, dans son ouvrage sur les rois Juifs, dit que Moïse fut le premier sage, et que le premier il enseigna aux Juifs la science de la grammaire ; que les Juifs transmirent cet art aux Phéniciens, et les Phéniciens aux Grecs. Moïse, s’étant ainsi appliqué à l’étude de la philosophie égyptienne, fortifia et développa en lui les doctrines qu’il tenait de ses ancêtres et de la tradition hébraïque ; il était si zélé pour ces doctrines et pour cette tradition, qu’il frappa et tua l’Égyptien qui sévissait injustement contre l’Hébreu. Selon les Mystes, ce fut avec la parole seule qu’il tua l’Égyptien ; comme en d’autres temps, ainsi qu’on le voit dans les Actes des apôtres, Pierre fit mourir avec la parole ceux qui avaient « retenu injustement une partie du prix du champ, et qui avaient menti. » Dans son ouvrage sur les Juifs, Artaban