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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

richir de toutes sortes d’écrits la bibliothèque qu’il avait fondée dans Alexandrie, voulut que les Juifs aussi lui traduisissent en langue grecque les ouvrages de leurs prophètes. Les Juifs se trouvaient encore sous l’obéissance des Macédoniens, ils choisirent d’entre eux soixante-dix vieillards, versés dans la science des Écritures, et dans la langue grecque, et les envoyèrent à Ptolémée avec les livres saints. Et après que ces vieillards eurent, chacun séparément, traduit tous les saints livres, les soixante-dix traductions ayant été simultanément comparées l’une à l’autre, concordèrent toutes entre elles et pour le sens et pour l’expression. Car la volonté de Dieu avait préparé cette œuvre pour faire connaître aux Grecs les saintes Écritures ; et il n’était pas extraordinaire que, des prophéties hébraïques, par l’inspiration du Dieu qui les avait produites, devinssent des prophéties grecques, pour ainsi dire. Déjà n’était-il pas arrivé que les Écritures ayant été détruites pendant la captivité dont Nabuchodonosor affligea les Juifs, Esdras, lévite et prêtre, avait été inspiré par Dieu sous le règne d’Artaxerxès, roi des Perses, et qu’en retranscrivant, avec l’aide de cette inspiration divine, toutes les prophéties antiques, il avait en quelque sorte été lui-même un prophète ? Aristobule, dans le premier livre, qu’il dédia à Ptolémée Philométor, s’exprime en ces termes : Platon aussi adopta les principes de notre législation, et il est évident qu’il en interrogea sérieusement et avec le plus grand soin tous les articles. Avant Démétrius de Phalères et la version des Septante, avant l’empire des Perses et celui d’Alexandre, un autre interprète avait déjà traduit de nos saints livres les passages qui traitent, soit de la sortie d’Égypte, soit de tous les événements remarquables dont nos ancêtres ont été les témoins ou les acteurs, soit de la conquête de la terre promise, soit de l’exposition de notre législation entière. En sorte qu’il est manifeste que Platon a puisé beaucoup à cette source ; car il fit preuve d’une grande érudition. Pythagore aussi, transporta dans sa philosophie un grand nombre de dogmes empruntés à nos livres. C’est pourquoi Numénius, philosophe pythagoricien, dit formellement : « Qu’est-ce que