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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

men de ceux qui sont nourris de toutes les sciences humaines et remplis de ces vains sophismes dont ils n’ont pas encore cherché à s’affranchir. Celui qui commence à vivre de la foi acquiert la solidité d’esprit nécessaire pour recevoir la divine parole, car il possède un jugement d’accord avec la raison que la foi seule peut donner, c’est-à-dire il possède la foi ; et à cette heureuse source il puise la conviction, et voilà ce que signifie cette parole du prophète : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. C’est pourquoi, pendant que nous en avons le temps, faisons du bien à tous, mais principalement à ceux qui sont entrés, par la foi, dans la famille du Seigneur. » Et que chacun d’eux répète les paroles du saint roi David, et chante avec reconnaissance : « Arrosez-moi, Seigneur, avec l’hysope, et je serai purifié ; lavez-moi, et je deviendrai plus blanc que la neige. Vous ferez retentir à mon oreille l’allégresse et la joie, et mes os brisés tressailleront. Détournez vos yeux de mes crimes, effacez mes iniquités. Créez en moi un cœur pur, ô mon Dieu, et renouvelez, au fond de mon âme, l’esprit de droiture. Ne me rejetez pas de votre présence, et ne retirez pas de moi votre esprit saint. Rendez-moi la joie de votre salut, et fortifiez-moi par votre esprit souverain. » Celui donc qui annonce de vive voix la parole, éprouve avec le temps, juge après un mûr examen, et distingue des autres celui qui est capable de l’entendre ; observant attentivement les discours, le caractère, les habitudes, la vie, les mouvements intérieurs, les manières d’être, le regard, la voix de chacun, et pour me servir d’un langage figuré, le carrefour, la pierre, le sentier battu, la terre féconde en fruits, la région couverte de bois, riche, fertile, bien cultivée, et propre à multiplier la semence. Quant à celui qui annonce la parole par des écrits, il prend des engagements sacrés auprès de Dieu, en proclamant dans ses écrits qu’il n’agit ni par amour du gain, ni par un désir de vaine gloire, qu’il n’obéit à aucune passion, qu’il n’est point l’esclave de la crainte, que ce n’est point sa propre satisfaction qu’il cherche, qu’il ne veut pas recueillir de ses soins d’autre fruit que le salut de ses lecteurs :