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de son père, qui veut le dévorer. Les corybantes font retentir leurs cymbales, pour que le père n’entende pas les cris de l’enfant. J’ai honte de parler de Cybèle du mont Didyme qui, vieille et difforme, (elle était déjà mère de plusieurs dieux), et ne pouvant attirer entre ses bras l’amant adultère, trop malheureusement cher à son cœur, le mutila pour en faire un dieu eunuque. Voilà pourquoi les eunuques et les prêtres de Cybèle, l’adorent par le supplice de cette mutilation. Car, ce sont là des supplices véritables plutôt que des sacrifices.

Que dirai-je de la forme et de la figure de vos dieux ? Elles en montrent tout le ridicule et l’infamie ? Vulcain est un dieu boîteux et débile ; Apollon, après tant de siècles, est imberbe ; Esculape a une forte barbe, quoique fils d’Apollon, toujours jeune ; Neptune a les yeux verts ; Minerve les a bleus ; les yeux de Junon sont ceux d’un bœuf ; Mercure a des ailes aux talons ; Pan, des pieds crochus ; Saturne, des pieds chargés de fers ; Janus, deux visages, comme s’il voulait marcher à reculons ; Diane la chasseresse, une robe retroussée ; Diane d’Éphèse, de nombreuses et grosses mamelles ; Diane Trivia, trois têtes et plusieurs mains qui en font un monstre. Que dirai-je de votre Jupiter ? On le représente tantôt barbu, tantôt sans barbe. S’appelle-t-il Hammon ? il a des cornes ; Capitolin ? il porte des foudres ; Latiaris ? il est couvert de sang ; Férétrien ? on ne peut l’approcher. À quoi bon l’énumération de tous vos Jupiters ? il suffit de dire : Autant de noms, autant de monstres. Pour briller sous le nom de vierge, parmi les feux célestes, Érigone se pend ; pour vivre, les Dioscores meurent tour à tour ; pour se relever dieu, Esculape se fait foudroyer ; pour dépouiller l’homme, Hercule se brûle sur le mont Œta.

Voilà les absurdités et les erreurs dont nous avons hérité de l’ignorance de nos pères. Le grand malheur, c’est qu’elles sont devenues le fond même de nos études et de notre éducation. Nous nous en pénétrons surtout par la lecture des poètes, dont l’autorité a fait à la cause de la vérité un tort qu’on ne saurait exprimer. Ce n’est pas sans raison que Platon