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au sein de sa mère, comme sa frêle existence se fortifie à la faveur de la nourriture abondante que lui offre ce lait ! Dieu ne veille pas seulement sur l’ensemble, mais encore sur chaque partie de l’univers. La grande Bretagne est presque sans soleil, mais elle est réchauffée par les tièdes vapeurs de la mer répandue autour d’elle. Le Nil tempère la sécheresse de l’Égypte ; l’Euphrate fertilise la Mésopotamie ; l’Indus, dit-on, ensemence et arrose l’Orient. Lorsque vous entrez dans une maison et que vous y voyez tout à sa place, orné et décoré avec soin, vous pensez aussitôt que là préside un maître, supérieur à tout ce qui frappe vos regards. Ainsi, dans le palais du monde, puisque vous voyez un ciel, une terre, une providence, un ordre, une loi, croyez donc à l’existence d’un maître, d’un créateur de tout l’ensemble, plus beau, plus parfait que tous les astres, que tous les objets dont se compose cet univers. Peut-être n’avez-vous aucun doute sur la Providence, mais pensez-vous qu’il importe plutôt d’examiner si l’empire des cieux est soumis au commandement d’un seul ou à l’autorité de plusieurs : question facile à résoudre, si l’on fait attention que les choses de la terre ont leur modèle dans les cieux. Jamais partage de royaume n’a commencé de bonne foi et n’a fini autrement qu’avec du sang.

Je laisse de côté les Perses, faisant du hennissement de leurs chevaux un augure pour arriver à l’empire. Je ne parle point des deux frères Thébains et de leur histoire, morte aujourd’hui. Elle est bien plus connue l’histoire de ces deux autres frères, toujours en guerre pour une royauté de cabanes et de bergers. Les combats d’un beau-père et d’un gendre sont fameux dans tout l’univers. La fortune d’un si vaste empire était trop petite pour ces deux hommes. Voyez les animaux. Les abeilles n’ont qu’un roi ; les troupeaux qu’un chef ; les bœufs, les chevaux qu’un seul guide. Et vous voulez que dans le ciel la souveraineté soit divisée, que le pouvoir de l’empire éternel, le seul véritable, soit mis en pièces et partagé entre plusieurs ! N’est-il pas évident que le Dieu, auteur de tout, n’a ni commencement ni fin ; que s’il donne l’être à tous, il s’est donné l’é-