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constante dans sa variété même ? Tout ici ne révèle-t-il pas un père, un auteur divin, et le printemps avec ses fleurs, et l’été avec ses moissons, et l’automne avec ses fruits murs et délicieux, et l’hiver avec ses olives si nécessaires ? Tout ce bel ordre subsisterait-il longtemps s’il n’était maintenu par une raison souveraine ?

Pour que l’hiver ne régnât pas seul avec ses neiges qui nous auraient glacés, l’été avec ses feux qui nous auraient dévorés, avec quelle prévoyance le printemps et l’automne ont été placés comme milieux si justes et si sages que, dans la révolution de l’année revenant sur elle-même, le passage d’une saison à une autre est presque insensible et inapperçu.

Contemplez la mer. Elle est arrêtée par la loi écrite sur ses bords. Voyez comme toutes les plantes tirent leur vie des entrailles de la terre. Considérez l’océan : l’alternative du flux et du reflux le maintient dans une continuelle agitation. Voyez les fontaines : elles coulent sans s’épuiser. Observez les fleuves : ils vont, et rien n’arrête leur cours. Que dirai-je de l’heureuse disposition des montagnes en droite ligne, de la pente sinueuse des collines, de la vaste étendue des plaines ? Parlerai-je de la diversité des défenses chez les animaux ? ceux-ci sont armés de cornes, ceux-là sont munis de dents ; les uns pourvus de serres, les autres hérissés d’aiguillons ; quelques-uns échappent par l’agilité de leur course, d’autres par la rapidité de leur vol. C’est surtout la beauté de la forme humaine qui atteste un Dieu pour auteur. Voyez cette stature droite, ce visage élevé, ces yeux placés au sommet comme des sentinelles, et les autres sens disposés dans le reste du corps comme dans une forteresse.

XVIII. Le détail de chaque merveille nous mènerait trop loin. Il n’est pas un seul membre dans l’homme qui n’ait sa grâce ou son utilité. Ce qui doit le plus étonner, c’est que nous avons tous le même visage, avec des traits différents. Quelle merveille que la manière de naître, que le désir de la reproduction ? Ne viennent-ils pas de Dieu, l’un et l’autre ? Comme la mamelle se gonfle de lait à mesure que l’enfant se développe