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tout des bêtes, c’est que nous ne sommes pas nés comme elles, courbées, inclinées vers la terre, les yeux tournés vers leur pâture ; nous avons le front élevé, le regard dirigé vers le ciel, et de plus la raison et la parole par lesquelles nous pouvons concevoir, connaître, imiter Dieu. Nous serait-il permis d’ignorer les clartés divines que le ciel porte en quelque sorte à nos yeux et à tous nos sens ? Ne serait-ce pas un sacrilége, et un sacrilége des plus criminels, que de chercher dans la boue de cette terre ce que nous ne pouvons trouver que dans les sublimes régions du ciel ?

Ceux qui veulent que l’ordre si parfait de ce bel univers vienne, non d’une intelligence divine, mais du concours de certains corps rapprochés par le hasard, me semblent privés de la raison, du sentiment et même de la vue.

Quoi de plus clair, de plus manifeste, de plus éclatant, quand on élève ses regards au ciel, qu’on les abaisse au-dessous des cieux, qu’on les porte autour de soi, que l’existence de cette raison supérieure qui anime, meut, alimente, gouverne toute la nature ? Voyez le ciel ! qu’il est vaste dans son étendue ! qu’il est rapide dans sa révolution ! il est parsemé d’étoiles pendant la nuit, ou bien éclairé par le soleil pendant le jour ; vous comprendrez alors combien est admirable, parfait, cet équilibre que le souverain modérateur sait maintenir. Voyez comme la course circulaire du soleil fait l’année ; comme la lune, par sa clarté progressive, décroissante, défaillante, mesure le mois. Que dirai-je du retour successif des ténèbres et de la lumière, qui nous donne alternativement le repos et le travail ? C’est aux astronomes à nous parler avec plus de développement des étoiles, qui règlent le cours de la navigation, ou qui ramènent le temps du labourage et des moissons.

Non seulement il a fallu une intelligence supérieure, un ouvrier divin pour créer, pour former, pour disposer chacune de ces merveilles, il faut encore, pour les étudier, les comprendre, les apprécier, une grande force de raison et d’esprit.

Parlerai-je de la succession des saisons et des fruits, si