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lesquelles tombent vos reproches. J’ai voulu faire entendre que je ne me prononcerais qu’après l’examen le plus scrupuleux, et que c’était moins la beauté des formes que la solidité du fond qui ferait pencher la balance.

Mais c’est trop longtemps partager l’attention, ainsi que vous vous en plaignez. Écoutons, dans le plus grand silence, notre cher Octave qui s’apprête à parler.

— XVI. Je le ferai de mon mieux, reprit Octave, nous devons ici réunir nos efforts pour qu’un langage, tout de vérité, vienne, comme une onde pure, laver la tache qu’on voudrait, à force d’amères injures, imprimer sur notre front. Je ne dissimulerai point qu’au premier abord les idées de mon cher Cécilius m’ont tellement paru flotter au hasard dans le vague et dans l’indécision, qu’il m’aurait été difficile de décider si c’était son érudition qui s’embarrassait ou l’erreur qui le faisait chanceler. Tantôt il a posé en principe l’existence des dieux, tantôt il l’a remise en question. Il a varié au point que l’incertitude de ses principes laissait ma réponse plus incertaine encore, parce qu’elle ne lui offrait aucun point d’appui.

Je ne crois pas, je ne veux pas croire, qu’il y ait aucune ruse dans mon cher Cécilius. La simplicité de son caractère repousse l’astucieuse habileté du siècle. Que dirai-je donc pour le justifier à mes yeux ? Comme celui qui ne sait pas le chemin direct pour aller à un endroit, s’arrête incertain lorsqu’il arrive au point où ce chemin se partage en plusieurs, ainsi qu’il arrive souvent, et n’ose en choisir un ni les essayer tous ; de même l’homme qui n’a rien de fixe dans l’esprit sur la vérité, perd toute idée, ne sait plus où il est, quand on lui jette quelque doute perfide et trompeur.

Faut-il s’étonner que Cécilius, dans ce flux et reflux d’opinions humaines qui se combattent et s’excluent, se soit vu ainsi emporté, balloté, flottant au hasard. Mais, pour le sauver de ses perplexités, je vais l’instruire et le convaincre par la réfutation même de tout ce qu’il a avancé. Je tâcherai de le suivre pas à pas, malgré tous ses écarts. Une seule vérité bien établie deviendra un point d’appui qui ne lui laissera plus