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que vous habitez. Mais, occupé de tout l’univers, comment peut-il embrasser tous les détails, ou bien, partagé entre tous les détails, comment peut-il surveiller l’ensemble ? Dirai-je que ces Chrétiens menacent la terre, les astres, le monde entier, d’un vaste embrasement, et qu’ils en prédisent la ruine comme si l’ordre éternel établi par les lois de la nature pouvait être bouleversé, la chaîne sacrée qui lie tous les éléments se briser, cet édifice immortel de la terre et des cieux s’anéantir.

XI. À cette doctrine extravagante que n’ajoutent-ils pas ? ils forgent des contes absurdes, rêves de la vieillesse en délire ; ils disent qu’après leur mort ils renaîtront de leurs cendres, de leur poussière. Je ne puis vous exprimer avec quelle confiance ils ajoutent foi à leurs propres mensonges ; à les entendre vous les croiriez déjà ressuscités. Double mal, double folie ! ils annoncent une fin à ce ciel, à ces astres qui ne changent pas, que nous laissons dans l’état où nous les avons trouvés ; et ils promettent l’éternité à des êtres qui ne sont plus, à des morts, à nous enfin qui ne naissons que pour mourir. Voilà pourquoi ils abhorrent nos bûchers, et qu’ils s’élèvent contre l’usage de brûler les corps ; comme s’ils n’étaient détruits que par la flamme, comme si le seul ravage du temps et des années ne suffisait pas pour les réduire en poudre. Eh ! qu’importe en effet pour ces corps d’être mis en pièces par les bêtes, ou engloutis dans les flots, ou ensevelis sous la terre, ou consumés par les flammes ! S’il leur reste quelque sentiment, toute sépulture est pour eux un supplice ; s’ils n’en conservent point, la plus prompte est la plus salutaire.

Par suite de l’erreur qui les abuse, ces hommes se promettent à eux seuls, après la mort, comme s’ils étaient les seuls gens de bien, une vie éternellement heureuse, et condamnent le reste des hommes, comme autant de criminels, à des supplices sans fin. Que de réflexions à joindre à celles-ci, si je n’avais hâte de finir ce discours. Les criminels, les pervers, ce sont eux-mêmes, je l’ai déjà dit, et je ne me mets plus en peine de le prouver.