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pandent partout. Il faut l’avoir en horreur, il faut l’extirper maintenant qu’elle se manifeste ; ses partisans se reconnaissent à des signes secrets, et s’aiment mutuellement presque avant de se connaître. C’est comme une religion de débauche qui les unit partout où ils se rencontrent. Ils s’appellent indistinctement frères, sœurs, afin qu’à la faveur de ces noms sacrés les impudicités ordinaires soient des incestes. C’est ainsi que leur fanatisme, vain et insensé, se fait gloire du crime. Si tout ce qu’on leur attribue était calomnie, la renommée dont le regard est si perçant ne leur imputerait pas tant de forfaits abominables pour lesquels la décence n’a pas d’expressions. J’entends dire qu’ils adorent, sur la foi de je ne sais quelle absurde persuasion, la tête consacrée de l’animal le plus ignoble, la tête d’un âne ; culte bien digne des mœurs qui l’ont fait naître. D’autres racontent qu’ils honorent le membre viril du président ou du prêtre, et qu’ils l’adorent comme celui de leur propre père.

J’ignore si tout cela est faux, mais le secret mystérieux de leurs sacrifices nocturnes ne justifie que trop ces soupçons. Dire qu’un homme puni du dernier supplice pour ses crimes, que le bois infâme d’une croix, est l’objet de leur culte, c’est dire qu’ils ont l’autel qui convient à des misérables, à des scélérats, et qu’ils adorent ce qu’ils méritent. Ce qui se passe à la réception d’un adepte, est connu de tout le monde et n’est pas moins monstrueux.

Pour mieux surprendre ceux qui sont sans défiance, on apporte dans l’ombre de la nuit un enfant couvert de farine. L’adepte qu’on doit initier, trompé par l’apparence et invité à frapper, croit porter des coups innocents et fait à son insu des blessures profondes qui tuent l’enfant. Ô crime ! tous à l’instant hument le sang avec avidité et partagent ces membres qu’ils se disputent à l’envi. Voilà par quelle victime ils cimentent leur union ; voilà par quelle communauté de crime ils s’engagent à un mutuel silence. De semblables sacrifices ne sont-ils pas mille fois plus affreux que tous les sacriléges ! Leurs repas sont connus ; tous les auteurs en parlent ; le plaidoyer de