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teste la mère des dieux, dont l’arrivée en Italie rétablit l’honneur d’une dame romaine et délivra la ville des terreurs de la guerre. J’en atteste les statues consacrées à ces deux frères qu’on représenta tels qu’ils parurent sur les bords d’un lac, quand ils vinrent, montés sur des chevaux hors d’haleine, couverts d’écume, vomissant la flamme, annoncer la défaite de Persée, le jour même qu’ils l’avaient vaincu. J’en atteste ces jeux que le courroux de Jupiter, révélé en songe à un homme du peuple, a remis en honneur ; j’en atteste ce dévouement de Décius, dont l’effet fut certain ; j’en atteste ce Curtius qui combla de son corps et de sa gloire la profondeur du gouffre entr’ouvert où il s’était élancé avec son cheval : nos augures négligés n’ont que trop souvent attesté la présence des dieux. De là vient que l’Allia est un nom si funeste ; que l’entreprise de Claudius et de Junius contre les Carthaginois, fut moins un combat qu’un triste naufrage ; que Flaminius, pour s’être moqué des augures, vit le lac de Trasimène s’enfler et rougir du sang romain ; que Crassus, pour avoir insulté aux furies et mérité leur courroux, nous força de redemander nos aigles aux Barbares. Je passe sous silence une multitude de faits anciens ; je ne parle pas de nos chants poétiques sur la naissance des dieux, sur leurs présents et leurs bienfaits. J’omets nos grandes destinées annoncées par les oracles, de peur que l’antiquité ne vous paraisse trop fabuleuse. Parcourez ces temples fameux qui sont tout à la fois la gloire et le boulevard de Rome. Ce qui les rend augustes, c’est la présence des dieux domestiques ou étrangers qui les habitent, bien plus que la magnificence et les offrandes qui les décorent. C’est là que nos prophètes, pleins des choses du ciel, et mêlés à la Divinité, prédisent l’avenir, éclairent sur les dangers, présentent la guérison aux malades, des espérances aux affligés, des secours aux malheureux, des consolations dans l’infortune, des soulagements dans les travaux. Même pendant le repos de la nuit nous les voyons, nous les entendons, nous les reconnaissons ces dieux que notre bouche impie repousse, insulte pendant le jour.

VIII. Puisque tous les peuples s’accordent à reconnaître des